À quelques jours du Grand Prix de Formule 1, des organismes de lutte à l’exploitation sexuelle mettent en garde les jeunes filles contre les offres d’emplois lucratifs qui pourraient être une porte d’entrée à l’industrie du sexe.
« Une offre d’emploi pour laquelle on ne demande aucune expérience, qui promet beaucoup d’argent rapidement et qui exige une photo de la fille, c’est louche », avertit la porte-parole du comité Un trop Grand Prix, Éliane Legault-Roy.
À l’approche du Grand Prix qui commence jeudi à Montréal, une pluie d’annonces d’emplois à pourvoir dans le cadre des festivités devrait apparaître sur le web, comme on le voit chaque année. Si la majorité d’entre elles peuvent être légitimes, d’autres offres semblent peu professionnelles. En spécifiant « belle fille recherchée », « sexy » ou « argent facile », on recherche la vulnérabilité, soulève Mme Legault-Roy.
« Ça peut être des tactiques sournoises de recrutement », prévient pour sa part Jennie-Laure Sully, de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle.
Pente glissante
Le Grand Prix, qui est l’un des événements majeurs du Québec, marque le point de départ de la saison touristique à Montréal. Plusieurs jeunes filles voient ainsi une occasion de se trouver un emploi d’été. Et parfois, la description de tâches floue peut amener de mauvaises surprises, insiste Mme Legault-Roy.
Elle donne en exemple une fille qui croit qu’être hôtesse implique l’accueil des clients à l’entrée d’un établissement, mais qui se retrouve plutôt à les accompagner toute une soirée.
« C’est une pente glissante, la fille peut être appelée à dépasser ses limites sans vraiment s’en rendre compte », déplore-t-elle.
Par la suite, certains vont utiliser l’appât du gain pour amener les jeunes filles dans l’industrie du sexe. « On entend souvent qu’une fille va commencer comme hôtesse dans un bar par exemple. Et ensuite, elle va se faire dire : “T’es tellement belle, pourquoi tu perds ton temps à gagner si peu ?” » dénonce Mme Sully.
Vigilance
Parmi les signes permettant de détecter les annonces douteuses, on note : plusieurs fautes d’orthographe, une description de tâche floue, aucune précision concernant le lieu de travail, des critères d’embauche liés à l’apparence physique, ou même obligation d’être célibataire, relève Mme Legault-Roy.
L’organisation du Grand Prix du Canada, elle, cherche à se dissocier de ce type de pratiques.
« Cela ne respecte pas nos valeurs quant à l’hypersexualisation. C’est dommage que ce sport soit terni par une image d’une femme en vêtements de latex sur une voiture », a commenté la responsable des communications, Sandrine Garneau-Le Bel.
Un organisme de lutte à l’exploitation sexuelle cible dans des publicités numériques les potentiels clients qui seraient tentés de payer pour obtenir des services sexuels durant les festivités du Grand Prix.
« La vérité sur l’exploitation sexuelle, c’est que c’est un geste criminel pour celui qui achète et qui est lourd de conséquences pour celle qui est exploitée », expose Éliane Legault-Roy, porte-parole du comité Un trop Grand Prix.
Trois messages
Dans les prochains jours, trois petites capsules de cinq secondes chacune seront diffusées dans les toilettes des hommes de bars et restaurants du centre-ville de la métropole, là où les festivités du Grand Prix ont souvent lieu.
Les messages des publicités sont : « Si tu penses qu’elle a l’air jeune, elle est peut-être mineure », « Ce n’est pas juste de faire le party. Acheter du sexe, c’est criminel », et « Escorte, hôtesse, danseuse, travailleuse du sexe. Appelle-la comme tu veux, c’est une victime d’exploitation sexuelle ».
Exploitation sexuelle
Le nom de l’organisme Un trop Grand Prix fait référence à la course automobile qui se tient à Montréal chaque année, mais Mme Legault-Roy précise que la présence d’exploitation sexuelle n’est pas unique à cet événement majeur, qui attire plus de 93 000 spectateurs annuellement.
« Tous les événements d’envergure causant l’afflux soudain d’un grand nombre d’hommes sont des points culminants en matière d’exploitation sexuelle », expose-t-elle.
Dans le cadre de sa campagne « La vérité sur l’exploitation sexuelle », le comité s’adresse aussi aux jeunes filles qui croient pouvoir faire de « l’argent facile, le temps d’un seul week-end », ainsi qu’aux parents, afin de les inciter à poser des questions.