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Le Québec perd le contrôle de ses routes

Confronté à un déficit d’entretien de 16 G$ qui ne cesse de se creuser, le Québec s’en va tout droit « vers un cul-de-sac » en ce qui a trait à la gestion de notre réseau routier.

C’est ce que regrette Gabriel Assaf, professeur à l’École de technologie supérieure (ETS).

Malgré des investissements records (près de 2,5 G$ prévus en 2019-2020), le déficit de maintien d’actifs des routes et structures sous la responsabilité du ministère des Transports, soit la somme qu’il faudrait investir maintenant pour remettre le réseau en bon état, n’a jamais été aussi important : en cinq ans seulement, soit depuis qu’il est calculé, il a augmenté de près de 5 G$.

À défaut de revoir ses façons de faire, le Québec se dirige vers « la faillite économique » sur le plan de l’entretien de notre patrimoine routier, croit M. Assaf, qui enseigne au département de génie de l’ETS.

Les données officielles les plus récentes tendent à lui donner raison. Selon le dernier bilan de l’état des structures et des chaussées sous la responsabilité du MTQ, la moitié des infrastructures sont en « mauvais » ou « très mauvais » état.

Selon le lexique gouvernemental, une route ou un pont est classé en « mauvais » état lorsque sa durée de vie utile est dépassée.

Moins d’entretien

D’autre part, 50 % des infrastructures sont jugées dans un état « très bon », « bon » ou satisfaisant ».

Sauf que les sommes investies en « maintien d’actifs » par le MTQ ont diminué drastiquement ces dernières années. Pendant ce temps, les sommes consacrées à la résorption du déficit de maintien d’actifs ne cessent d’augmenter.

Il se crée donc une sorte de cercle vicieux : plus on essaie de rattraper notre retard d’entretien sur nos routes les plus endommagées, moins on prend soin de celles qui sont en bon état.

« C’est le piège. C’est là l’erreur. Il ne faut pas faire ça. [...] Il faut prioriser l’entretien préventif [...] et arrêter d’avoir du rattrapage », croit M. Assaf.

Un coût disproportionné

Selon David Conciatori, professeur au département de génie de l’Université Laval, mieux vaut éviter d’investir trop tôt, sans attendre qu’il soit trop tard. Le défi, pour le MTQ, est d’identifier « le bon moment », avant qu’une route atteigne ce « point de bascule » où « apparaissent les fissures [...] et tout d’un coup, les prix montent énormément. »

« Changer l’huile d’un moteur, c’est mieux que de changer le moteur », a illustré de son côté M. Assaf.

Tous deux s’entendent pour dire que le mauvais état de notre réseau routier coûte cher à la société.

Une nouvelle étude réalisée par l’Université Laval et Polytechnique et dont les résultats seront publiés prochainement en arrive d’ailleurs à la conclusion que « la qualité du réseau routier a directement une influence sur l’économie » québécoise, a rapporté M. Conciatori.

Routes en piteux état

Routes

Définition : Le déficit de maintien d’actifs des chaussées représente le coût pour réparer les chaussées en mauvais et très mauvais état pour lesquelles les interventions requises n’ont pas été réalisées à temps et qui ont ainsi atteint un état de déficience majeure, ou elles l’atteindront en deçà de trois ans.

Les routes au québec

325 000 km de routes

Le MTQ est responsable de l’entretien du réseau routier supérieur composé d’environ 31 023 km d’autoroutes, de routes nationales, de routes régionales, de routes collectrices ainsi que de chemins d’accès aux ressources.

5454 ouvrages

4265 ponts

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