Le Québec a les moyens d’allonger des milliards de dollars pour la construction d’un troisième lien entre Québec et Lévis, tout en remettant à niveau les routes cabossées de la province, estime François Bonnardel.
«On peut faire les deux. Il y aura toujours, dans les prochaines années, des projets d’élargissements, d’agrandissements», a commenté le ministre des Transports, jeudi.
Le dossier Nos routes en déroute, publié par le Journal au cours des dernières semaines, démontre que le réseau routier du Québec a besoin d’une importante mise à niveau. Le déficit de maintien d’actifs – soit la somme qu’il faudrait investir pour remettre le réseau en bon état – s’élève à 16,45 milliards$. En fait, la moitié des infrastructures sous la responsabilité du ministère des Transports du Québec est en «mauvais» ou «très mauvais» état.
«Pour les deux prochaines années, on investit près de 4,8 milliards$ sur le réseau routier, rappelle le ministre Bonnardel. Une des premières choses que j’ai dites quand je suis devenu ministre des Transports, c’est d’assurer un maintien d’actif et d’avoir des montants qui seront, chaque année, des montants importants, qui seront investis dans les réseaux supérieurs, oui, mais le réseau municipal [aussi].»
Coût inconnu
M. Bonnardel a toutefois refusé de dévoiler le barème de coûts estimés par le bureau de projet pour la construction du troisième lien. Tout au plus, le ministre des Transports a rappelé qu’une étude du professeur Bruno Massicotte, de l’École polytechnique de Montréal, mené en 2015-2016, a évalué qu’un tunnel entre Québec et Lévis pourrait être construit au coût de 4 milliards$.
Mais pour le critique libéral en matière de transports, Gaétan Barrette, la facture risque d’être beaucoup plus salée. «Dix kilomètres, c’est le double du pont Champlain, souligne-t-il. Alors, c’est assez difficile d’imaginer que ça ne sera pas dans une fourchette du double du pont Champlain, plus ou moins 10%. D’ailleurs, selon M. Barrette, il est certain que les élus caquistes «savent la fourchette de prix» pour le scénario retenu.
Appui du fédéral réclamé
À l’aube de la prochaine campagne électorale fédérale, le ministre Bonnardel a invité les partis représentés à Ottawa à se commettre sur le financement du 3e lien. «Je leur dis aujourd’hui, c’est à eux de se positionner sur, oui ou non, s’ils souhaitent ce troisième lien et comment ils peuvent nous aider à réaliser ce projet», dit François Bonnardel.
Présent dans la salle lors de l’annonce, le député conservateur de Carlesbourg – Haute-Saint-Charles, Pierre Paul-Hus, a assuré que le gouvernement caquiste peut compter sur sa formation. «Un gouvernement conservateur va être en appui au gouvernement du Québec pour l’élaboration du troisième lien, a-t-il déclaré. (...) Il y a différents programmes, différentes façons de donner de l’argent au projet.»
Pour leur part, les libéraux fédéraux n’étaient pas présents lors de la conférence de presse. Sans se commettre dans le dossier, son député Joël Lightbound a souligné en entrevue qu’un prochain gouvernement Trudeau pourrait s’impliquer dans le financement de la portion de transport en commun du projet.
-Avec la collaboration de Jean-Luc Lavallée