Un poisson envahissant est dorénavant considéré comme l’espèce la plus commune dans certaines parties du fleuve Saint-Laurent et menace la survie d’autres spécimens.
Jamais on n’a mesuré une telle prolifération d’un poisson envahissant exotique dans la province que celle qu’a connue le gobie à taches noires, estime le biologiste au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), Olivier Morissette.
« À certains endroits, dans le fleuve, sur une trentaine d’espèces, le gobie compte pour plus de la moitié des captures », explique celui qui s’est penché sur le sujet dans le cadre d’une étude dont les résultats ont été publiés l’an dernier.
Originaire d’Asie
Observé pour la première fois au Québec en 1997, ce petit poisson aurait été introduit dans les Grands Lacs par des bateaux en provenance de la mer Noire, en Asie.
Depuis, il a proliféré à plusieurs endroits du fleuve, dont le lac Saint-Pierre, le lac Saint-François et à la hauteur de Sorel-Tracy, où l’environnement lui est très propice.
Il menace maintenant la survie de plusieurs espèces de poissons indigènes, dont les populations auraient particulièrement baissé ces dernières années.
Y compris des espèces classées comme « vulnérables » ou « menacées » par le MFFP, soit le dard de sable et le fouille-roche gris avec lequel il partage le même habitat et, donc, les mêmes ressources.
Manque de données
Mais les chercheurs manquent encore de données pour estimer l’impact réel du gobie à taches noires.
« On voit un déclin de la population de certaines espèces qui coïncide avec l’arrivée du gobie. La même chose a été observée dans les Grands Lacs, donc ce serait logique », explique M. Morissette.
Selon Hélène Godmaire, directrice générale du Conseil québécois des espèces exotiques envahissantes, il est particulièrement difficile de lutter contre la prolifération d’un tel poisson.
« En matière de capture et de contrôle, c’est très difficile d’être sélectif. Pour les plantes, ça reste possible de gérer des infestations localement, mais dans le cas d’espèces aquatiques, c’est quasiment impossible », soupire-t-elle.
Le gros du travail doit plutôt être fait sur la prévention, explique la chercheuse, qui implore les plaisanciers de laver leurs bateaux dès qu’ils changent de plan d’eau.
Le gobie à taches noires
Les adultes mesurent de 8 à 15 cm
Originaire d’Asie
Se tient au fond des plans d’eau
Se nourrit de larves d’insectes, d’œufs de poissons, de moules zébrées ou d’autres petits bivalves