Avocate, productrice et coach, Janie Duquette est à la tête de l’Académie du pouvoir féminin. Entrepreneure dans l’âme, elle soutient des initiatives qui promeuvent le leadership féminin. Recrutée pour mettre en lumière 100 femmes d’affaires issues de 17 régions du Québec, elle est porte-parole de la campagne #JESUIS de Femmessor.
Janie, vous semblez avoir eu trois vies professionnelles. Comment résumeriez-vous votre parcours?
Je suis avocate de formation et j’ai pratiqué le droit jusqu’à ce que je sois recrutée par Donald K. Donald, une légende du «show-business» au Québec. Il voulait les droits du groupe La Chicane. Un jour, j’ai reçu un appel de sa secrétaire: il souhaitait me parler. Il m’a envoyé 120 pages de contrat en me disant qu’il me rappellerait dans une heure... Heureusement, je connaissais le monde du disque et j’ai vite relevé les actions à poser. Une heure plus tard, je faisais mes propositions. J’ignorais que, pendant ce temps, son avocat corporatif nous écoutait.
Que s’est-il passé ensuite?
Après cet appel, qui était un test, j’étais embauchée pour négocier le rachat des droits du groupe La Chicane. Après ce mandat, Donald K. Donald m’a envoyé l’offre d’emploi de mes rêves: devenir présidente de DKD Spectacle et vice-présidente de Donald K. Donald... Depuis que j’étais toute jeune, je rêvais de faire du «show-business», de prendre des décisions. En 2006, j’ai racheté la compagnie que je dirigeais. J’ai tout mis en garantie: ma maison, mes REER, ma vie! Je voulais être maître de mon destin.
Qu’est-ce qui a motivé vos changements professionnels?
Je suis mes passions. Quand j’ai quitté le «show-business», tout marchait pour moi: Jonas, Corneille, Dany Bédar. Mais ce monde était en mutation, je voyais le changement arriver. Ça faisait un moment que j’avais envie d’organiser un événement de femmes. J’avais déjà cet appel. J’ai écrit un livre sur le leadership féminin, car ça faisait 15 ans que je trouvais des solutions en suivant un modèle instinctif. Je ne pouvais pas suivre un modèle, il n’existait pas. J’aurais bien aimé en avoir un! J’ai appris à force d’essais et d’erreurs...
De toute évidence, votre carrière a eu une grande importance pour vous. Avez-vous trouvé le temps de vous consacrer à votre vie personnelle?
À vrai dire, j’étais en train de passer tout droit. Je donnais trop à mon travail. Le «show-business» est un domaine de passion. À la fin de la trentaine, j’ai fait une prise de conscience importante. J’avais toujours pensé que j’allais devenir mère... mais j’attendais que ça se calme pour franchir le pas. Toutes les femmes qui sont en affaires vous le diront: ça ne se calme jamais! Tout le monde passait avant moi! Beaucoup vivent ce que j’ai vécu: elles donnent tout, tout le temps. J’ai appris que, si on veut donner, il faut d’abord remplir son réservoir... J’ai aujourd’hui une fille de huit ans, Mila.
Un événement en particulier vous a-t-il permis de prendre conscience de l’importance de vous occuper de vous?
J’étais consciente que j’allais frapper un mur si je ne ralentissais pas. Ça a coïncidé avec la maladie de ma grand-mère maternelle, qui était comme ma mère. J’ai été élevée par une mère monoparentale qui était littéralement débordée, dans les années 1970 et sans garderie à 7 $. C’est ma grand-mère qui a pris le relais. C’était une véritable force de la nature. D’ailleurs, quand j’ai rencontré Donald K. Donald, j’avais été frappée par la ressemblance entre ces deux-là. Si ma grand-mère n’était pas née en 1923, elle aurait été la première première ministre du Québec, c’est sûr! Aline avait beaucoup de charisme et de pouvoir de persuasion! C’est elle qui m’a fait comprendre que je pouvais faire tout ce que j’avais envie de faire...
Croyez-vous avoir hérité de ses forces?
Oui, et en même temps, la vie avait fait en sorte que je développe certains talents. Je voulais que ça serve à quelque chose de plus grand que moi. Le féminisme m’interpelle depuis l’enfance. J’avais eu des signes que ce serait une cause que j’allais porter. J’étais prête. Je croyais que le fait d’améliorer mon leadership féminin allait changer mon business, mais ça a plutôt changé ma vie! Je suis tombée en amour et j’ai eu un enfant. J’avais nourri ma vie pour qu’elle soit plus équilibrée. Je me suis prise en considération dans l’équation, et ça a porté ses fruits. J’avais envie de partager ça avec d’autres femmes.
Parlez-nous de votre association avec Femmessor.
J’avais déjà fait la tournée du Québec pour présenter mon livre «Les 7 clés du leadership féminin». Lorsque la PDG de Femmessor, Sévrine Labelle, a souhaité créer une campagne pour mettre en lumière des entrepreneures à travers le Québec, elle m’a offert d’en être la porte-parole. Avec la campagne #JESUIS, nous voulions que celles-ci prennent conscience de leurs qualités et que les gens découvrent leurs business et leurs produits. Encourager les femmes en affaires, c’est aussi encourager la prospérité au sein de nos familles.
En collaboration avec TVA Publications, nous avons décidé de faire un bookazine pour promouvoir ces personnes extraordinaires, mettre en valeur les qualités féminines que nous admirons et qui font en sorte que les femmes ont le pouvoir de changer les choses. Quand on sait que la confiance en soi est l’obstacle majeur à l’entrepreneuriat chez les femmes, nous voulions leur dire qu’elles n’ont pas besoin d’en faire plus pour avoir confiance en elles, leur donner foi en leurs forces et faire en sorte qu’elles deviennent des modèles pour les autres femmes.
Janie Duquette donne des conférences et a écrit «Faire une femme de soi» et «Les 7 clés du leadership féminin» (janieduquette.com). Elle anime «Faire une femme de soi» le vendredi dès midi, au 103,3 FM. Pour s’informer sur Femmessor: femmessor.com. Le «Guide pratique pour oser vous lancer en affaires!» est en kiosque.