Les cloches de l’église presque centenaire du Très-Saint-Sacrement ont retenti pour la dernière fois sur le chemin Sainte-Foy, dimanche, et le bâtiment lui-même, jugé dangereux, risque maintenant la démolition.
Le scénario redouté par les fidèles s’est finalement concrétisé un peu plus d’un mois après que l’immeuble sacré eut été condamné pour une période indéterminée pour des raisons de sécurité.
La fermeture est désormais «définitive», a confirmé la fabrique.
Le diocèse a obtenu l’autorisation de la Ville de tenir exceptionnellement une dernière messe malgré l’état précaire du bâtiment, dimanche, en présence d’une cinquantaine de croyants.
«On l’a fait avec un nombre réduit de personnes pour éviter de mettre en danger une grande foule», a signalé l’évêque auxiliaire du diocèse Mgr Marc Pelchat.
En vente
Un récent rapport montrait que la bâtisse inaugurée en 1924 connaissait des problèmes structurels importants. D’ailleurs, des sections de la façade ouest s’étaient affaissées à deux reprises en 2017.
L’église est en vente depuis un an, mais aucune offre n’a été acceptée jusqu’à présent.
«[Les repreneurs] pourraient décider d’en conserver une partie», mais cela semble «assez peu probable», a reconnu l’évêque auxiliaire.
La fabrique n’a pas l’intention d’exiger que l’on conserve l’immeuble en tout ou en partie. «Il y a très peu de conditions qui seront imposées. On n’est pas en position de force», a laissé tomber Mgr Pelchat.
L’église du Très-Saint-Sacrement pourrait donc quitter le paysage du quartier et subir le même sort que l’église Saint-Cœur-de-Marie démolie cet été sur la Grande Allée.
Il est déjà question de démonter une partie des deux clochers cet automne.
Triste
«Peu importe le nombre d’années [d'existence], c’est très triste de fermer une église, mais ce n’est pas la fin de la communauté chrétienne», a déclaré Marc Pelchat.
«C’était vraiment beaucoup trop cher d’envisager une réparation de l’église, qui s’élevait à plusieurs millions de dollars», a-t-il soulevé.
La fabrique estime qu’il aurait fallu débourser au moins 300 000 $ simplement pour sécuriser l’édifice, ce qui ne comprenait pas sa restauration.
Le conseiller indépendant Yvon Bussières a été chargé d’apporter hors de l’église une pierre de marbre qui était encastrée dans son autel, symbolisant que les lieux sont maintenant désacralisés.
«Ça me hante depuis des mois, cette fermeture. On la vit ce matin. C’est vraiment triste. Au sous-sol, il y avait un comptoir alimentaire, des oeuvres de charité, donc c’est toute la vie d’une communauté pendant un siècle qui s’éteint» a affirmé l’élu.
M. Bussières refuse d’envisager la démolition de l’église du Très-Saint-Sacrement et réclame l’intervention de la ministre de la Culture, Nathalie Roy, pour donner à l’immeuble un statut patrimonial.
«Il est minuit moins une. C’est pour sauver le bâtiment. Pour l’Église catholique romaine, il n’y a plus d’intention de réactiver le lieu de culte ici», a-t-il ajouté.
L’église du Très-Saint-Sacrement
Début de la construction: 1920
Ouverture: 1924
Architecture romane et gothique
Deux clochers de 43 mètres de hauteur