Le syndicat Unifor, qui représente environ 12 000 travailleurs de l’information au Canada anglais, a choisi de mener une charge à fond de train contre le Parti conservateur d’Andrew Scheer. De quoi inquiéter les journalistes, qui se retrouvent dans une position impossible, dénonce Mario Dumont lundi.
Le syndicat Unifor a choisi de s’impliquer de façon importante dans la prochaine élection fédérale, notamment en diffusant une publicité télévisuelle discréditant le chef conservateur Andrew Scheer. La situation soulève un «énorme malaise» chez Mario Dumont, qui estime que les cotisations syndicales payées par les travailleurs n’ont pas à faire l’objet de campagnes partisanes comme celles-là.
Malaise supplémentaire : Unifor est le principal syndicat des journalistes au Canada anglais. Il compte parmi ses membres des travailleurs de l’information provenant du Globe and Mail, de Global News, du Toronto Star, de CTV et de plusieurs autres journaux locaux.
Sans remettre en question l’intégrité et la rigueur des journalistes qui couvriront la campagne fédérale, il y a de quoi se questionner sur l’image projetée par ce soutien au gouvernement libéral, soutient l’animateur.
«Le syndicat qui représente des journalistes qui vont m’informer sur la campagne a vidé ses coffres pour me convaincre qu’il ne faut pas voter pour Andrew Scheer.»
«Si tu attaques les conservateurs comme ça, tu travailles à faire élire qui? Les libéraux», ajoute Mario Dumont.
Au congrès d’Unifor, il y a quelques semaines, Justin Trudeau a d’ailleurs été accueilli à bras ouverts.
Retour d’ascenseur?
Le gouvernement fédéral annonçait en novembre dernier une aide financière de 595 M$ accordée à la presse. «Très bien», dit Mario Dumont. On avait ensuite déterminé qu’une table d’experts aurait la responsabilité de distribuer l’argent de cette enveloppe budgétaire aux médias. Les gens d’Unifor ont été parmi les premiers à être sélectionnés pour en faire partie.
«Unifor se fait mettre à la table pour distribuer une fortune, Unifor représente des journalistes et Unifor décide, comme jamais dans son histoire, de s’impliquer dans la campagne pour faire réélire les libéraux», résume Mario Dumont en émettant ses réserves sur cette proximité.
Avec le phénomène des «Fake News» aux États-Unis, qui a contribué à mettre à mal la réputation des médias et des journalistes, ne serait-il pas plus sage de faire preuve d’une plus grande réserve?
Plusieurs journalistes et chroniqueurs ont d’ailleurs tenu à se dissocier de leur syndicat. Selon Mario Dumont, d’autres travailleurs de l’information devront leur emboîter le pas et exprimer leur malaise durant les assemblées syndicales d’Unifor.