Les libéraux de Justin Trudeau s’engagent à mettre des moyens en œuvre pour atteindre l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050 s’ils sont reportés au pouvoir en octobre.
«C’est une cible ambitieuse, mais c’est faisable», a dit M. Trudeau mardi depuis Burnaby, en banlieue de Vancouver, en insistant sur l’urgence d’agir pour lutter contre les changements climatiques.
«Les Canadiens ont besoin d’un gouvernement qui va continuer de se lever chaque matin pour combattre les changements climatiques et [bâtir] une économie [verte] pour nos enfants», a-t-il ajouté.
Lundi, une soixantaine de pays se sont engagés à atteindre l’objectif de neutralité carbone lors d’un sommet sur le climat de l’Organisation des Nations Unies.
Les libéraux ont donc saisi la balle au bond pour leur emboîter le pas, mardi, au jour 14 de la campagne électorale.
Plusieurs rapports de la commissaire fédérale de l’environnement du Canada ont toutefois conclu que le Canada n’est pas en voie d’atteindre sa cible actuelle, soit celle de réduire ses GES de 30 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005.
Objectif surpassé
M. Trudeau a toutefois martelé, mardi, que l’objectif pour 2030, fixé en vertu de l’Accord de Paris, allait être respecté et même «largement surpassé».
Pour arriver à accélérer la cadence dans la lutte au réchauffement climatique, les libéraux comptent fournir des incitatifs fiscaux aux entreprises qui entreprennent concrètement le tournant vert.
Ainsi, ils promettent de réduire de moitié l’impôt payé par les entreprises qui développent des technologies n’émettant aucune émission ou qui en fabriquent. Ainsi, l’impôt des petites entreprises de ce type passerait de 9 % à 4,5 % et de 15 % à 7,5 % pour les grandes entreprises.
L’annonce de la nouvelle cible environnementale a été présentée par étapes, mardi, dans plusieurs villes canadiennes différentes, soit à Ottawa, Montréal et Burnaby.
Aussitôt les premiers détails annoncés, les adversaires politiques de M. Trudeau ont balayé du revers de la main sa promesse d’arriver à la cible de zéro émission en 2050, s’attaquant notamment à sa crédibilité sur le plan environnemental.
«Comment peut-on croire un gouvernement qui a acheté un oléoduc et qui dit maintenant qu’on va avoir des cibles progressistes. Ce n’est pas acceptable et ce n’est pas possible», a lancé le chef néo-démocrate Jagmeet Singh.
Le chef conservateur Andrew Scheer a quant à lui accusé M. Trudeau de faire preuve d’ «improvisation» avec cet engagement.
«ll propose encore un plan avec aucun détail, écrit sur une ‘’napkin’’, sur le coin d’une table», a-t-il soutenu. Il a profité de l’occasion pour s’attaquer une fois de plus à la taxe sur le carbone qui n’est selon lui pas une avenue à préconiser pour réduire les émissions de GES.
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet de son côté souligné que M. Trudeau, qui tente d’être réélu pour un second mandat de quatre ans, promet d’être porteur de résultats seulement en 2050. Il y voit là une forme de tactique évidente de défilement.
«Quand on prend des engagements, on doit s’arranger pour avoir des mesures quantifiables précises et claires tout au long de l'exercice, pour qu’on soit capable de voir si ça avance ou pas», a-t-il dit.