Parcourir 500 km à pied à travers le Mali pour interpeller les autorités sur l'état désastreux de l'école de son village. C'est le défi que vient de relever un professeur d'allemand d'une trentaine d'années, déterminé à faire «bouger les lignes».
À travers brousse comme sur le goudron chaud de la route, sous le soleil comme sous la pluie, Tiekoro Dabo a marché pendant 12 jours, du 18 au 30 septembre, en pleine période de rentrée scolaire, de la région de Kayes, près de la frontière sénégalaise, où il a passé ses vacances, jusqu'à Bamako.
Hébergé temporairement chez un ami dans la capitale, le longiligne jeune homme, vêtu d'un boubou de couleur crème, montre à qui veut les voir de grandes photos imprimées de l'école de son village natal de Lahandy, où il a passé son collège et lycée: toit défoncé maintenu par une fourche en bois et murs inexistants, remplacés par de la paille.
«C'était difficile», souffle-t-il à l'issue de son long périple. Mais la détermination était là, alimentée à la pensée de «cette jeunesse-là», qui lui a mis «du baume au cœur» et permis de continuer, a-t-il raconté à l'AFP.
«J'espère que les gens ne resteront pas insensibles à cela, à l'effort fourni, il faut que ça fasse bouger les lignes». A son arrivée à Bamako, il a été reçu au ministère de l'Éducation, où, dit-il, on lui a promis de reconstruire l'école de son village «courant 2021».
En attendant, Tiekoro Dabo ne va pas retourner dans l'immédiat dans sa région du sud-ouest, épargnée par le conflit qui mine le Mali depuis 2012. Il va rejoindre Macina, où il a été affecté il y a un an, au coeur de la région du centre du pays où les violences attribuées tant aux groupes jihadistes qu'à des milices d'auto-défense ont fait des centaines de morts depuis 2015.
Sur les 920 écoles fermées au Mali à cause du conflit, plus des deux tiers se trouvent dans les trois régions du centre (Mopti, Ségou et Koulikoro).
Les infrastructures sont généralement déficientes au Mali, qui figure à la 182e place, sur 188 pays, de l'indice de développement humain établi en 2018 par les Nations Unies.