L’analyste politique Mathieu Bock-Côté a vu dans le débat en anglais de lundi soir – particulièrement sur la question de la laïcité – l’expression décomplexée du sentiment canadien-anglais par rapport au Québec.
Tout a commencé avec la question «militante» de la journaliste Althia Raj, qui a qualifié la loi 21 québécoise de «discriminatoire», mais s’est également poursuivie avec les réponses des chefs, exprimées «dans une forme de condescendance», juge Mathieu Bock-Côté.
«Tous les chefs parlaient du Québec comme de l’enfant turbulent et de l’inquiétant peuple. [...] Et Justin Trudeau qui joue à Capitaine Canada en disant “moi, je défendrai les droits des minorités”. Un instant!», tonne le chroniqueur.
«C’est une longue histoire au Canada cette idée que, laissés à eux-mêmes, les Québécois vont être tentés par une dérive ethnique et autoritaire. Ils vont persécuter leurs minorités, mais que grâce au cadre fédéral qui nous civilisent, on peut atteindre des standards démocratiques qu’on ne pourrait pas atteindre par nous-mêmes», ironise-t-il.
Il salue par ailleurs le rappel à l’ordre d’Yves-François Blanchet, qui a répondu aux autres chefs que le Québec est entièrement capable de gérer ses affaires par lui-même.
«Je déteste me faire sermonner à partir du Manitoba», ajoute-t-il.
Si elle reconnaît un certain biais de la journaliste Althia Raj dans sa question, l’analyste politique Caroline St-Hilaire évoque malgré tout une situation gagnante pour les Québécois, qui ont enfin pu connaître les véritables positions des chefs fédéraux sur la question de la laïcité.
«Au-delà de la question de la journaliste, je trouvais que c’était peut-être une façon de tendre un piège, souligne-t-elle. J’ai trouvé que depuis hier, les enjeux étaient tout à fait clairs.»
Voyez l’extrait de l’émission «La Joute» dans la vidéo ci-dessus.