«Les conseils que j'ai de mon avocat, c'est de ne jamais parler de cette histoire-là! Après tout ce qui m'est arrivé! Ras-le-bol!» L'ex-époux de Lucie Castonguay, victime d'un meurtre il y a 20 ans, n'a pas été très loquace lorsqu'il a été questionné par la journaliste de «J.E» Marie-Christine Bergeron.
«J'ai pas envie de ressortir ça!» lance Marc Mercier, suspecté par les enquêteurs de l'époque d'avoir un lien avec la mort de la femme de 42 ans, assassinée dans sa résidence de Saint-Fabien-de-Panet, près de Montmagny. Son corps avait été retrouvé par une voisine le 17 décembre 1999, trois jours après avoir été tuée
Lucie Castonguay vivait un divorce difficile avec le père de ses fils qui avaient à l'époque 17 et 20 ans. Emanuel et François Mercier ont accordé une entrevue exclusive et bouleversante à «J.E». «On veut savoir ce qui lui est arrivé et pourquoi. Ce n’est pas pour de la vengeance, c'est pour que justice soit rendue et pour qu'on puisse enfin faire notre deuil. Ma mère n'avait pas d'ennemi», raconte François Mercier.
Mystérieux rendez-vous
Lucie Castonguay a été vue vivante la dernière fois le mardi 14 décembre 1999 dans un rassemblement religieux à Saint-Damien-de-Buckland, à 45 minutes de sa résidence. «Elle a quitté un peu avant 21h, en disant qu'elle devait rencontrer quelqu'un pour un emploi. Cette information n'a jamais pu être validée», explique Arold Bernatchez, l'ancien enquêteur au dossier.
Sans l'heure exacte de son retour à la maison, difficile pour les policiers d'établir précisément quand le crime a été commis. L'enquête démontre que la femme a été tuée lorsqu'elle a franchi la porte de son entrée. Lucie Castonguay a été frappée mortellement à la tête et poignardée à la cuisse.
Quelques mois après le crime, son ex-époux a été arrêté et interrogé. Ses deux garçons ont été questionnés pendant plusieurs heures. «Ç’a été pénible ! Question, question, question! On nous a clairement dit que mon père était arrêté pour meurtre. À la fin de journée, les enquêteurs m'ont demandé d'aller le confronter. Je lui ai posé la question: "Est-ce toi qui a tué maman?" Il n'a pas dit non, il n'a pas dit oui. Il a juste dit qu'il ne parlerait pas!» raconte François avec émotion.
Après une longue journée d’interrogatoire, Marc Mercier a été relâché et aucune accusation n'a été portée contre lui. «Les policiers n'ont pas de preuve que mon père était à Saint-Fabien au moment où le crime pourrait avoir été commis. Mais on pense toujours qu'il détient des informations pertinentes qui pourraient faire avancer l'enquête. On n’a plus de relation avec lui depuis que je lui ai demandé de passer le détecteur de mensonges » se désole Emanuel.
Polygraphe
Marc Mercier, qui n’a aucun antécédent judiciaire, a toujours refusé le test du polygraphe. «Vous n'aviez pas promis à votre fils que vous alliez passer le détecteur de mensonges?», lui a demandé notre journaliste. «Sur les conseils de mon avocat. Je n'ai aucun commentaire je vous dis je ne veux plus rien savoir. J'en ai assez parlé, longtemps, beaucoup et c'est fini! Pis vous me revenez avec ça après tant d'années. Vous ne comprendrez rien avec moi parce que je ne sais rien! C'est-tu assez clair pour vous ça?», a répondu l’homme de 62 ans, indisposé par nos questions.
Assurance-vie
L’ex-époux de Lucie Castonguay a poursuivi Desjardins Sécurité financière pour plus de 150 000$ parce que l’assureur refusait de lui verser la somme d'argent reliée au décès de son ex-femme. En janvier 2004, Desjardins soumettait à la cour avoir des motifs raisonnables de croire que le demandeur a été impliqué dans le décès Lucie Castonguay.
Tous les documents concernant cette poursuite civile sont actuellement sous scellés au greffe du palais de justice de Québec, afin de protéger l'enquête.
Selon des informations obtenues par «J.E», Desjardins a finalement versé la prime d'assurance vie à Marc Mercier. Le dossier judiciaire indique un règlement un hors cour en mars 2005.
D’autres suspects?
Est-ce que le meurtre de Lucie Castonguay peut avoir été commis par plus d’une personne? A-t-elle été victime d’un complot ? Son ex-mari a-t-il oui ou non quelque chose à voir avec sa mort? Des questions que se posent toujours ses fils.
«Faut jongler avec ça, c'est notre père, il a été arrêté, mais on a déjà écouté des films et des séries. On sait que des fois, il y a du monde arrêté pis ce n'est pas ça. Mais il y a quand même des malaises et une distance qui se crée», explique François Mercier.
Emanuel et François ne perdent pas espoir. Ils espèrent encore qu'un indice crucial ou une révélation permette un jour de connaître la vérité sur la mort violente de leur mère.
Des dossiers de meurtres non résolus, il y a en 700 seulement à la Sûreté du Québec. Ces affaires peuvent remonter jusqu’en 1960. Au total, 35 enquêteurs y travaillent au quotidien.
«Même après toutes ces années, pour la famille, je souhaite que cette enquête avance et aboutisse sur des accusations», lance Arold Bernatchez. J'espère que la diffusion de l'émission amène de nouvelles informations afin d'aider à solutionner ce crime-là.»
Si vous avez des informations qui pourraient faire avancer l'unité des crimes non résolus, contactez le 1 800 659-4264.