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Météo idéale pour le «dumpster diving»

24 Heures, Maude Carmel

Avec le retour du temps froid viennent quelques avantages insoupçonnés pour ceux qui cherchent de la nourriture dans les poubelles : c’est le moment de l’année où la viande et les plats préparés se conservent le mieux.

Le 1er novembre dernier, en pleine tempête de vent, les enseignes d’une rue passante claquaient au vent et des piétons, de peur de s’envoler, se réfugiaient dans les commerces. Malgré cela, des jeunes et des moins jeunes analysaient les poubelles d’une ruelle à la recherche de trésors encore mangeables. Le «dumpster diving», qui consiste  à récupérer dans les poubelles des commerces de la nourriture encore bonne à la consommation, ça se fait beau temps, mauvais temps.

«L’automne et le printemps sont les meilleures saisons. Entre un et sept degrés, c’est comme fouiller dans un frigo», relatent Caroline et Vivek, deux vingtenaires rencontrés dans une ruelle en pleine chasse. En effet, toutes les denrées qu’ils ont ramassées, du poulet bio à la tartinade de fromage, étaient toutes bonnes à la consommation.

«En pleine canicule l’été, tout fermente plus rapidement, surtout dans des "containers" noirs. Les "divers" vont donc éviter la viande. Par contre, le gel d’hiver va détruire certains aliments, comme les légumes», explique Gabrielle Tanguay, qui a consacré son mémoire de maîtrise en anthropologie au phénomène du «dumpster diving».

Au fil du temps, les «divers» développent une connaissance très fine de l’horaire des collectes et comprendre la logique derrière la sortie des déchets de chaque commerce, fait remarquer Mme Tanguay. «Ceux qui font ça à temps plein savent très bien que le jeudi, tel commerce sort ses fromages deux heures avant le passage du camion de poubelles. Ils savent aussi s’adapter aux saisons, en connaissant par exemple le nombre d’heures qu’il leur faudra le vendredi avant que les tomates de telle fruiterie ne gèlent après le dépôt du commerçant!»

Pétition

Atlantide Desrochers, une activiste montréalaise fortement impliquée dans la lutte au gaspillage alimentaire, est d’accord, mais elle nuance. «Été, hiver, printemps ou automne, peu importe la saison, jamais la nourriture mangeable ne devrait se retrouver dans les poubelles.»

Mme Desrochers a d’ailleurs lancé une pétition dans le but de forcer la Ville à faire une consultation publique pour se doter de mesures plus efficaces pour lutter contre le gaspillage alimentaire dans les commerces montréalais. La pétition a déjà dépassé les 15 000 signatures requises.

Éviter le gaspillage alimentaire serait bénéfique pour l’environnement, en plus d’avoir des répercussions sociales importantes, peut-on lire dans le texte de la pétition.

«Certains fouillent dans les poubelles pour éviter le gaspillage, d’autres parce qu’ils n’ont pas le choix. J’ai commencé le "dumpster diving" parce que j’étais dans la deuxième situation, et que je peinais à nourrir mes trois enfants. Et l’hiver, tout est plus difficile», explique Mme Desrochers.

Celle-ci a déjà amorcé des initiatives personnelles, par exemple en s’entendant avec un commerce pour distribuer ses invendus à des personnes dans le besoin.Pour signer la pétition : https://beta.montreal.com/petitions

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