Il devait quitter en 2021, ce sera finalement un an plus tôt. Michael Sabia laisse derrière lui une Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) en excellente santé.
La CDPQ, rappelons-le, est le «bas de laine» des Québécois. C’est dans cette institution que se retrouvent les rentes des travailleurs, un montant prélevé sur chacune de vos paies. Les Québécois ont donc intérêt à voir la Caisse engranger des rendements substantiels, ce qui a été le cas sous Michael Sabia.
«On s’entend que ça a été une bonne période, il est arrivé tout de suite après la crise financière de 2008-2009, donc M. Sabia a eu l’avantage de gérer dans des années où, en général, les marchés boursiers ont été généreux», souligne Mario Dumont.
N’empêche, la Caisse a généré des rendements qui avoisinent les 10 %, au-delà des indices comparables.
Michael Sabia a également assuré une certaine stabilité à l’organisation après une période au cours de laquelle la Caisse a perdu des dizaines de milliards de dollars dans le papier commercial.
«Si on considère qu’on devait gérer avec prudence un portefeuille, celui des Québécois, il n’y a pas de doute qu’il y a une grande stabilité dans la diversité et dans la façon de gérer les placements. Il y a une discipline qui a été instaurée par Michael Sabia», commente Mario Dumont.
Il note également une importante hausse des investissements de la Caisse au Québec, dont fait partie le Réseau express métropolitain, que l’on pourra ajouter au bilan des années Sabia une fois sa réalisation terminée.
Au chapitre des éléments négatifs, impossible de passer sous silence le scandale Otéra Capital, révélé par notre Bureau d’enquête.
«Il y a eu des problèmes à l’interne, il y a eu des gens qui se sont servis eux-mêmes et qui avaient peut-être des accointances peu fréquentables. Ça a forcé M. Sabia à faire le ménage, dit Mario Dumont. Ce n’est jamais souhaitable, dans une grande organisation, de poser des gestes en réaction à des reportages médiatiques.»
Outre ce pépin, l’évolution de l’actif net de la Caisse est spectaculaire sous M. Sabia. Au 30 juin dernier, la Caisse valait plus de 326 milliards de dollars, soit plus de 100 milliards de plus qu’en 2014.
«Quand on choisit un successeur, il faudra penser à cette discipline. [...] On voudra un successeur qui prendra le relais des éléments positifs que Michael Sabia a implanté à la Caisse», note l’animateur.