Une mère de famille canado-américaine s’est enlevée la vie dans sa cellule de la prison Leclerc, le 5 novembre dernier, pour éviter d’être extradée vers les États-Unis. Accusée d’enlèvement par son ancien mari violent, elle avait trouvé refuge au Canada pour protéger ses enfants.
Les faits reprochés à Madame M., dont l’identité est cachée par sécurité pour les enfants, remontent à 2010. Alors qu’elle habitait toujours aux États-Unis, elle avait reçu un appel de ses trois enfants qui s’étaient enfuis de la résidence de leur père violent qui avait leur garde. Citoyenne canadienne, la mère avait décidé de traverser la frontière pour les protéger.
C’est à l’organisme La Bouée, une maison d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale à Lac-Mégantic, qu’elle trouve refuge en décembre 2010. Dès le 23 décembre, elle reçoit la visite de policiers qui l’arrêtent pour enlèvement d’enfants. Ces trois enfants sont placés en maison d’accueil.
Par la suite, sa vie devient un combat contre le système judiciaire américain. «Au fil des années, ça a été de multiples démarches au niveau des différents tribunaux. [...] Elle avait des conditions très strictes, elle était en prison chez-elle si on peut dire», raconte la directrice de La Bouée, Julie Poirier.
Le cas de Madame M. se rend jusqu’en Cour suprême qui, le 17 octobre dernier, la condamne à l’extradition vers les États-Unis. Retenue à la prison Leclerc de Laval, elle décide de mettre fin à ses jours.
Une mort inexplicable
Pour la coordonnatrice de la maison d'hébergement de 2e étape, Gaëlle Fedida, la mort de Madame M. ne fait aucun sens.
«Je ne comprends pas bien comment cette femme qui a eu quand même un réseau de soutien important par divers organismes, avocats et autres, a pu finalement se retrouver dans ce cul-de-sac qui fait que sa seule option a été de s’enlever la vie. C’est quelques chose d’incompréhensible».
Pour Mme Fedida, le centre de détention doit absolument donner des explications. Elle soutient que le gouvernement doit agir sérieusement pour venir en aider aux victimes de violence conjugale. Les organismes comme le sien ont beaucoup de difficulté à soutenir les femmes et les enfants car il manque de place et de service.
Elle souligne également les failles du système judiciaire américain qui a cru un homme violent sans jamais questionner les motifs derrière la plainte d’enlèvement.
«La violence conjugale, et la violence sur les enfants, n’a jamais été nommée dans les tribunaux. Les enfants n’ont jamais été entendus aux États-Unis, Madame M. non plus», raconte-t-elle.
Les trois enfants, aujourd’hui majeurs, sont toujours au Canada.
Si vous ou l'un de vos proches êtes en détresse, il est possible, en tout temps, d’appeler sans frais au 1 866 APPELLE (277-3553).
Voyez l’entrevue complète des intervenantes accordée à Denis Lévesque dans la vidéo ci-dessus.