Le conseil municipal de Montréal a demandé, lundi soir, au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de faire cesser immédiatement les interpellations sans fondement au sein du service.
En octobre dernier, un rapport indépendant commandé par le SPVM suggérait l’existence d’un biais systémique envers les minorités visibles, plus à risque d’être interpellées lors de contrôles de rue aléatoires.
Les données de ce rapport sont préoccupantes, a souligné Rosannie Filato, responsable de la sécurité publique au comité exécutif de la Ville de Montréal.
Au-delà de mettre un terme aux interpellations arbitraires, il faut aussi des solutions systémiques à un problème de discrimination systémique, a-t-elle fait valoir.
Le conseil municipal demande aussi au gouvernement du Québec de rédiger une loi pour encadrer les interpellations policières à l’échelle de la province, afin d’interdire les interpellations arbitraires.
Le SPVM est en train de rédiger une politique sur les interpellations, qui devrait être effective en mars 2020.
Les élus municipaux montréalais souhaitent que cet engagement soit prioritaire.
Motion amendée
Un arrêt immédiat des interpellations de routine par le SPVM était réclamé par les conseillers indépendants Marvin Rotrand et Giuliana Fumagalli, qui avaient proposé une motion en ce sens.
L’Ontario et la Nouvelle-Écosse ont interdit les contrôles policiers aléatoires. Le Québec devrait emboîter le pas, plaidait aussi M. Rotrand.
Lundi soir, vers 22 heures, une version amendée de la motion a été adoptée. Le mot «moratoire» n’y figurait plus. Malgré tout, c’est un grand pas en avant, a salué M. Rotrand.
Un vote contre la motion «serait une gifle au visage de tous les Montréalais - pas seulement des minorités visibles», avait soutenu M. Rotrand lundi matin.
Il était accompagné d’une coalition d’environ une quinzaine d’organismes, dont plusieurs représentants des communautés culturelles.
Récemment, Irwin Cotler, un ancien ministre de la Justice du Canada, s’est également prononcé en faveur d'un moratoire sur les interpellations.
«Au quotidien, comme conseillère d’arrondissement, j’entends des témoignages de citoyens, de jeunes, d’intervenants communautaires, de directeurs, qui vivent encore des situations de profilage racial», a relaté Renée-Chantal Belinga, conseillère dans Montréal-Nord, réclamant des «mesures concrètes pour mettre un terme aux interpellations».
Il en va du respect des droits et libertés des personnes, a insisté le vice-président de la Ligue des Noirs du Québec, Gabriel Bazin.
Personne ne devrait craindre d’être interpellé dans la rue pour aucune autre raison que la couleur de leur peau, a martelé M. Rotrand.
«Mes parents ont vécu de la discrimination dans le Vieux-Continent, alors je suis très sensible à cette question», a fait valoir le doyen du conseil municipal, qui se définit comme appartenant à une minorité, étant juif et anglophone.