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Francine Ruel a revu son fils itinérant

Joël Lemay / Agence QMI

Francine Ruel a repris contact avec son fils itinérant. Celui-ci est même en train de lire le roman «Anna et l’enfant-vieillard», que sa mère a écrit pour lui, inspiré par sa réalité. Mais il ne lui a pas encore fait part de ses commentaires.

«J’attends. Ça fait deux ans que je travaille sur moi, pour arriver à ne prendre que ce qu’il peut me donner. Je n’ai pas d’attentes. Moi, mes attentes, ce serait qu’il soit sorti de là depuis longtemps. Mais il faut que lui le veuille...», a exprimé Francine Ruel en entrevue vendredi.

«Appelle ta mère!»

À la fin septembre, Francine Ruel était sans nouvelles de son fils depuis six mois.

Étienne vivant dans la rue, elle n’a aucun moyen de le contacter directement. Elle sait dans quel quartier il erre, connaît ses principaux points de repère; lorsqu’elle a quelque chose à lui dire, elle laisse un message à la pharmacie qu’il fréquente.

Elle tenait à ce qu’il sache qu’elle avait écrit «Anna et l’enfant-vieillard» pour lui, en pensant à la personne formidable qu’il est, au petit garçon attentionné et attendrissant qu’il fut jadis.

Mais, jusqu’à cet automne, l’homme de 44 ans se murait dans le silence. C’était la deuxième fois que Francine Ruel traversait une aussi longue période sans lui parler.

«Je lui avais laissé un mot, parce que je n’arrêtais pas de dire qu’il fallait qu’il le sache, que j’avais écrit ce livre-là. C’était important. Je me disais qu’il allait finir par appeler. Il ne l’a pas fait tout de suite...»

Or, dans la foulée de la sortie d’«Anna et l’enfant-vieillard», la comédienne et auteure a accordé beaucoup d’entrevues. Les plus médiatisées d’entre elles ont fait beaucoup jaser, et le bouche-à-oreille a fait son œuvre jusqu’à Étienne.

«Il y a même des policiers qui sont allés le voir en lui disant: "Appelle ta mère!” Lui-même a trouvé ça drôle. Il s’est décidé à m’appeler.»

Boîte de Pandore

Vendredi, Francine Ruel offrait une première séance de dédicaces au Salon du livre de Montréal, à la Place Bonaventure.

En matinée, elle était passée voir son garçon pour lui donner des bottes d’hiver. Celui-ci s’est présenté une heure en retard au rendez-vous. Ne pouvant le joindre au téléphone, sa mère n’a pu que l’attendre et le chercher, et lui faire savoir, à son arrivée, qu’elle ne pouvait s’attarder plus longtemps, car le devoir l’appelait au Salon du livre.

«L’hiver est là. C’est dur», grimace-t-elle, confiant que le temps des Fêtes qui approche est «la pire période» pour elle dans le contexte.

Francine Ruel ne cache pas qu’il est «particulier» d’échanger avec les lecteurs autour d’«Anna et l’enfant-vieillard». Dans les quatre Salons du livre qu’elle a visités cet automne, des gens se sont confiés à elle. En retour, elle les a écoutés et les a pris dans ses bras pour les réconforter.

«Sans le savoir, j’ai ouvert une boîte de Pandore, illustre-t-elle. Je me retrouve avec des gens qui me disent: "Moi aussi, moi aussi, moi aussi... Ma fille, mon fils, mon frère, ma mère..." Je savais bien, en l’écrivant, que je n’étais pas la seule au monde à le vivre, mais je ne pensais jamais qu’il y avait tant de monde qui était touché par ce sujet.»

La dame insistera à plusieurs reprises en cours d’entrevue sur le fait qu’«Anna et l’enfant-vieillard» repose sur une histoire fictive inspirée de sa vie, et qu’il ne s’agit pas d’une biographie. Ceci dit, Francine Ruel compte bien continuer de raconter son propre désarroi pour en aider d’autres. Elle prévoit notamment donner des conférences au printemps prochain.

«J’ai mis les pieds dans le sujet, je l’assume. Je n’ai pas fait ça pour dire que je ne veux pas en parler», assure-t-elle.

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