Diagnostiqué d’un trouble du spectre de l’autisme en juin dernier, un garçon de huit ans n’est toujours pas retourné à l’école cinq mois plus tard, faute de place dans une classe spéciale.
Félix Bissonnette Desormeaux a passé une bonne partie de sa première année du primaire caché sous son bureau ou dans le corridor de l’École internationale de Saint-Sacrement de Québec.
Après une évaluation de plusieurs semaines entre mai et juin dernier, sa mère, Cathy Desormeaux, a finalement eu la confirmation qu’il souffrait d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA).
Qui plus est, il doit vivre avec une hypersensibilité sensorielle et des problèmes d’agressivité, qui rendent son apprentissage en classe très compliqué.
« La directrice de l’école était là à la dernière journée de l’évaluation. Elle nous a dit qu’il n’y avait déjà plus de place dans une classe spécialisée dans la commission scolaire pour l’année suivante », explique Mme Desormeaux, à qui on aurait dit qu’il fallait attendre à l’automne 2020 avant d’en obtenir une. Son fils n’a donc pas pu débuter la 2e année du primaire.
Le droit à l’éducation
Depuis, le comportement de Félix s’est tellement dégradé qu’il se trouve depuis plusieurs semaines dans une résidence intermédiaire spécialisée pour sa propre sécurité et celle de ses proches. Il était donc impensable pour sa mère de le renvoyer dans une classe régulière.
La Commission scolaire de la Capitale a refusé de commenter le cas d’un élève en particulier, malgré l’accord de la mère, mais l’organisme confirme que les groupes adaptés sont complets pour cette année. « Si on a des places qui se libèrent dans ces groupes restreints, on va évaluer les possibilités qui se présentent », soutient la porte-parole, Marie-Élaine Dion.
Éducateur spécialisé
La directrice générale d’Autisme Québec, Lili Plourde, déplore que les ressources n’aient pas suivi même si le taux de prévalence de l’autisme a triplé dans les quatre dernières années.
La Commission scolaire a proposé à Mme Desormeaux de trouver un éducateur spécialisé prêt à prendre un contrat d’une heure par jour, pendant six semaines, pour travailler avec Félix.
« Le problème, confie-t-elle, c’est qu’on parle d’un contrat qui rapporte peu pour l’éducateur. S’il se voit offrir un poste à temps plein dans une école, par exemple, mon fils se retrouve à nouveau seul. »
Un éducateur spécialisé en fin de contrat de l’École internationale de Saint-Sacrement s’est finalement proposé pour travailler avec le jeune. Cependant, la veille de la première rencontre, il a reçu une offre plus intéressante d’un autre établissement.
Pas de reproches
Cathy Desormeaux n’en veut toutefois pas à la Commission scolaire et se dit consciente que le personnel est limité.
« Je questionne plutôt le ministre de l’Éducation qui met toute son énergie dans les maternelles 4 ans, alors qu’il y a des besoins criants pour des enfants à besoins particuliers. »
Des besoins de plus en plus criants dans la population
Le Journal s’est entretenu avec la directrice générale d’Autisme Québec, Lili Plourde, sur la situation du trouble du spectre de l’autisme (TSA) au Québec.
Est-ce qu’il y a eu une augmentation des diagnostics du trouble du spectre de l’autisme dernièrement ?
Le taux de prévalence de l’autisme est rendu à 1 sur 88 personnes, il a triplé dans les quatre dernières années et est en hausse constante depuis 10 ans. Cependant, les services ne sont pas toujours au rendez-vous, étant donné la rapidité à laquelle les TSA sont diagnostiqués.
Étant donné cette hausse de la prévalence, est-ce que les subventions ont suivi le rythme adéquatement ?
Pas assez. Le premier plan d’action remonte à 2003 et on a reçu certains montants conséquents depuis, mais pas assez pour suivre l’augmentation des besoins de la population. On est toujours en rattrapage financier.
Quels sont les délais d’attente pour qu’une personne autiste reçoive des services ?
Ça dépend. Les enfants de 0 à 5 ans sont priorisés et auront un premier service dans un laps de temps assez court après une demande pour qu’ils puissent en bénéficier avant d’entrer à l’école. Après ça, on parle d’une attente qui peut s’étendre jusqu’à deux ans, selon l’importance du trouble.
Dans le milieu scolaire, lorsque les groupes spécialement adaptés à des enfants atteints du TSA sont déjà complets, quelles options s’offrent à la famille d’un jeune qui souffre de cette maladie ?
Peu importe le moment où le diagnostic est établi, une école se doit d’offrir des services qui répondent aux besoins d’un enfant, elle doit trouver une solution. L’éducation est un droit.
Est-ce qu’un autiste peut aller dans une classe régulière ?
Évidemment, ça dépend du degré du TSA. Il y a beaucoup d’enfants autistes qui vont dans des classes régulières, accompagnés d’éducateurs spécialisés pour un nombre défini d’heures par semaine. Cependant, si un jeune n’est pas bien dans sa classe, il doit y avoir une rencontre d’intervention dans laquelle l’école proposera des services adaptés.
Le quotidien de Félix
Traitement de l’information auditive déficient
Réaction importante aux bruits soudains
Manque de sociabilité
Grande naïveté sociale
Agressivité
Retard au niveau de l’autonomie
Peu engagé sur le plan scolaire, outre sa force pour la lecture
Résistance à l’effort