Le fédéral devra augmenter son prix sur le carbone de 10 fois d’ici 2030 s’il souhaite atteindre sa cible de réduction des gaz à effet de serre (GES) en misant sur ce modèle, évaluent des économistes.
Dans un rapport publié mercredi, la Commission de l’écofiscalité du Canada estime que le prix du carbone devra passer de son 20 $ actuel la tonne à 210 $ en 2030, soit l’équivalent de 40 cents le litre d’essence.
Les économistes ont comparé cette avenue à deux autres modélisations qu'ils ont conçues et constatent que c’est la façon la moins coûteuse et la plus efficace pour que le Canada parvienne à réduire ses émissions de GES de 30 % par rapport au niveau de 2005.
«La tarification du carbone engendre les revenus moyens par habitant les plus élevés entre autres parce qu’elle est la plus flexible des trois approches», écrit-on dans le rapport en faisant valoir que les citoyens ont le temps de s’y adapter.
Parmi les deux autres projections établies par la Commission pour l’atteinte de la cible de 2030, l’une misait plutôt sur des régulations qui ne viseraient que les secteurs industriels. Par exemple, les émissions de camions de transport devraient être réduites de moitié d’ici 2030 par rapport au niveau de 2010.
«Il [faudrait] s’assurer que chaque industrie soit réglementée de sorte que ça corresponde à nos objectifs. Cela a un coût implicite qui devient plus élevé que le 210 $ de taxe sur le carbone», explique Justin Leroux, professeur aux HEC Montréal qui a participé à l’étude.
La tarification fédérale déjà en place est de 20 $ la tonne et doit augmenter annuellement de 10 $ jusqu’à se hisser à 50 $ en 2022. Le gouvernement Trudeau n’a toutefois pas encore déterminé ce qui se produira après cette date.
Selon le scénario élaboré par la Commission de l’écofiscalité, Ottawa devra accélérer la cadence à compter de cette année et plutôt l’augmenter de 20 $ annuellement jusqu’en 2030 pour atteindre sa cible environnementale.
Le Directeur parlementaire du budget avait plutôt chiffré, en juin, que le prix devrait augmenter graduellement pour atteindre 102 $ (23 cents le litre) en 2030.