Un urgentologue se désole du la mort de Jocelyne Boivin, morte d’un anévrisme après 12 heures passées à l’urgence de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
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Gilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec (ASMUQ), estime que Mme Boivin a fait tout en son pouvoir pour améliorer son état : «elle avait une grosse douleur, elle s’est présentée aux urgences et malheureusement le système n’a pas pu la prendre en main et s’occuper d’elle dans un délai qui semble être raisonnable».
Plusieurs facteurs peuvent expliquer en partie cet événement, qu’il qualifie de «malheureux».
Des urgences qui débordent
D’abord, les limites des urgences du Québec sont testées sur une base quasi quotidienne, avance M. Boucher. L’urgence de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, où la patiente a été admise, connait souvent des taux d’occupation frôlant les 130 ou 140%. En règle générale, il manque non seulement des médecins, mais aussi des préposés, des infirmiers et des commis.
«Les études démontrent que l’encombrement à l’urgence mène à plus de mortalité», ajoute le spécialiste.
Un triage qui a ses failles
Reconnaissant les mérites des guides de triage qui existent depuis plus de 30 ans, M. Boucher reconnait toutefois qu’ils ne sont pas sans faille.
«Les règles de triage sont pas nécessairement faites pour prédire ce qui va se passer dans 12 ans si le patient ne voit pas de docteur», illustre-t-il.
Jocelyne Boivin, elle, a été admise le samedi mais n’a pas eu accès à un médecin dans les 12 heures passées aux urgences, tandis que son état s’est rapidement détérioré.
Ce sont les infirmières les plus expérimentées qui sont habituellement responsables d’effectuer ce triage des patients, qui prend entre 3 et 5 minutes. «Quand ça se passe en temps réel, ce n’est pas toujours facile de distinguer qui est le plus malade parmi les 60 patients dans la salle d’urgence», insiste Gilbert Boucher.
Quoi qu’il en soit, si la Coalition Avenir Québec souhaite réellement réduire le temps d’attente dans les urgences québécoises à 90 minutes, tel que promis en campagne électorale, le président de l’ASMUQ croit qu’il n’y a pas de solution magique :«il va falloir mettre les ressources».