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Plus besoin d’être en «fin de vie» pour obtenir l’aide à mourir

Le gouvernement Legault permettra aux Québécois atteints d’une condition grave et incurable qui ne sont pas en fin de vie d’obtenir l’aide médicale à mourir, incluant ceux atteints d’une maladie mentale sévère. 

Québec a annoncé mardi qu’il n’imposera de nouveau critère pour remplacer la notion de «fin de vie», devenue caduque en raison du jugement Baudouin, l’automne dernier. La Cour supérieure avait alors donné gain de cause à Jean Truchon et Nicole Gladu – deux Québécois atteints de maladies dégénératives incurables qui réclamaient l’aide médicale à mourir –, invalidant du même coup les lois fédérale et québécoise à compter du 12 mars prochain. 

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«On croit que le Québec est prêt pour ce changement [...]», a déclaré la ministre de la Santé, Danielle McCann, lors d’une conférence de presse à Québec. Elle était accompagnée de sa collègue à la Justice, Sonia Lebel, et du président de la Commission sur les soins de fin de vie, Michel A. Bureau.      

Écoutez l'entrevue avec la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, sur les ondes de QUB radio:    

L’abandon du critère de «fin de vie» ouvre la porte à de nombreuses nouvelles conditions qui seront désormais admissibles à l’aide médicale à mourir, dont des maladies dégénératives incurables, comme celles dont souffraient Jean Truchon et Nicole Gladu. 

En entrevue avec notre Bureau parlementaire, le secrétaire du Collège des médecins, qui sera appelé à revoir le guide de pratique de ses membres, cite également la sclérose en plaques et la sclérose latérale amyotrophique, parmi les conditions qui pourraient désormais être admissibles à l’aide médicale à mourir.  

Maladie mentale 

«Ce qui suscite un certain nombre d’interrogations, c’est lorsqu’on va aborder les questions de santé mentale», reconnaît toutefois Dr Yves Robert. En effet, l’abandon du critère de «fin de vie» permettra aux gens atteints de problèmes de santé mentale sévère, comme la schizophrénie ou la bipolarité, d’avoir également accès à ce soin de dernier recours. 

«Toute maladie où la personne souffre, où visiblement il n’y a pas d’autres options pour alléger sa souffrance, qu’il n’y a aucun espoir d’amélioration et que la personne n’a aucun espoir de pouvoir passer à travers sa maladie, ce sont des conditions qui risquent de faire l’objet d’une demande d’aide médicale à mourir et qui devront faire [l’objet d’une] évaluation individuelle, explique Dr Yves Robert. Alors, qu’elle soit mentale ou non mentale, physique ou autre, toute maladie pourrait ouvrir la porte à ça.»     

Ce nouveau champ d’application devra toutefois être abordé avec prudence, souligne Dr Yves Robert. «C’est clair qu’une personne suicidaire ou en dépression importante, il va falloir être extrêmement prudent avant d’offrir l’aide médicale à mourir, parce que leur pathologie elle-même appelle à mettre fin à leurs jours», dit-il. 

En conférence de presse, la ministre McCann a souligné qu’un psychiatre devra «probablement» être consulté dans de tels cas, en plus des deux médecins qui doivent déjà donner leur aval. 

Manque de transparence 

Pour la marraine de la Loi concernant les soins de fin de vie, la députée péquiste Véronique Hivon, ce processus de révision des critères manque de transparence puisqu’il sera fait via le guide de pratique du Collège des médecins. 

«Ça me cause un gros problème, parce que ça veut dire que tout ce débat-là va se faire à l'abri des parlementaires, il n'y aura pas, comme tel, de débat public, il n'y aura pas de transparence», a-t-elle déploré. 

Elle ajoute: «Et quelle pérennité, quelle garantie on a, si le Collège des médecins adopte des critères pour le mois de mars et qu'il décide, dans un an ou dans deux ans, qu'il faut les modifier?» 

CERTAINES MALADIES QUI DEVIENDRONT ADMISSIBLES 

- Sclérose en plaques 

- Sclérose latérale amyotrophique 

- Parkinson 

- Syndrome post-poliomyélite 

- Schizophrénie 

- Bipolarité  

CRITÈRES À RESPECTER POUR RECEVOIR L’AIDE MÉDICALE À MOURIR 

- Être assuré au sens de la Loi sur l'assurance maladieêtre majeur 

- Être apte à consentir aux soins 

- Être atteint d’une maladie grave et incurable 

- Avoir une situation médicale qui se caractérise par un déclin avancé et irréversible de ses capacités 

- Éprouver des souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions jugées tolérables.

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