Les ressources d'hébergement pour femmes violentées attendent avec impatience l’aide de Québec, en raison du manque criant de place.
À l’émission «J.E» ce soir, on a pu constater l’ampleur de la problématique.
Dans les ressources de plus longue durée, le manque de place oblige les intervenantes à attribuer les places aux femmes qui sont le plus à risque d’être assassinées.
«C'est vraiment le risque qu'elle se fasse tuer», explique Arianne Hopkins, coordonnatrice à la maison Nouvelle-Étape. «Il y a beaucoup d'enfants, des fois ils vont chez le père une semaine sur deux en garde partagée, malgré ce risque-là. Des fois on croise les doigts. Puis on n'a pas toujours les moyens, au niveau de la loi de protéger ces enfants-là ou ces femmes-là», ajoute Mme Hopkins.
Anne (nom fictif) a été hébergée dans cette ressource durant deux ans. Elle a dû déménager cinq fois avant de s’y retrouver. Même si l’adresse des ressources est confidentielle, son ex-conjoint la retrouvait à chaque fois.
«J'avais 150 textos par jour. Il m'avait déjà dit que ça ne lui donnait rien de me tuer, parce que je ne souffrirai plus si je meurs», raconte Anne à «J.E».
«Il y a des conjoints pour qui, ces femmes-là leur appartiennent, puis y’a pas personne d’autre qui va les avoir», poursuit Mme Hopkins. «Il y a une femme que j’ai accompagnée, son conjoint y’avait dit : ça va être ta fête. Chaque jour, il lui écrivait : 10,9,8,7... on avait peur», témoigne la coordonnatrice à la maison Nouvelle-Étape.
Dans les maisons d’hébergement 24/7, le nombre de refus a littéralement explosé dans la dernière année. Plus de 20 000 refus ont été comptabilisés, en 2019, par les deux regroupements de maisons d’hébergement.
«Pour nous, c’est une situation qui est absolument renversante», souligne Manon Monastesse, Directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.
L’équipe de «J.E» a également pu suivre sur le terrain une équipe de patrouilleur du Service de police de Laval (SPL). Sur leur territoire, un appel sur 10 en est un de violence conjugale.
«Ce n'est pas un réflexe premier pour la victime de dire : je suis prête à aller en maison d'hébergement», souligne le sergent Alexandre Lapierre.
«Donc, souvent, il faut essayer de vendre l’idée un peu, de leur vendre qu’elles vont avoir de l’aide, qu’elles vont être avec des gens qui vont les comprendre, qui vont les aider», ajoute le sergent Lapierre.
«Lorsqu'on réussit à faire murir cette idée-là, puis qu'en bout de ligne la finalité est qu'il n'y a pas de places, ben oui c'est frustrant parce que ça vient un peu défaire le message qu'on essaie de transmettre à ces femmes-là» conclut-il.