L’ambiance était solennelle à l’Assemblée nationale mardi pour le dernier rassemblement des parlementaires québécois avant la suspension de leurs travaux jusqu'au 21 avril prochain dans le but d’éviter la propagation du coronavirus.
Assis à un siège de distance les uns des autres dans le Salon Bleu pour donner l’exemple à la population, ils se sont rapidement entendus pour adopter des mesures d’urgence pour lutter contre la pandémie mondiale.
Signe des mesures déjà mises en place par le gouvernement, les pages portaient des gants et seul le nombre minimal de députés étaient présents, soit 31 pour le gouvernement et quatre pour chaque parti d’opposition.
«Nous ajournons les travaux en guise d'exemplarité pour faire en sorte que les Québécois saisissent bien le message qui a été lancé par le premier ministre, par le directeur de la santé publique, M. Arruda, ainsi que la ministre de la Santé [d’être] en mode prévention pour limiter la contagion le plus possible », a déclaré le leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette.
Entre autres, des projets de loi ont été adoptés pour donner des pouvoirs accrus aux infirmières praticiennes spécialisées (IPS) et aux pharmaciens afin qu’ils puissent poser davantage d’actes.
IPS
- Diagnostiquer des maladies en fonction de sa classe de spécialité
- Déterminer les traitements médicaux et effectuer le suivi de certaines grossesses
- Effectuer certains examens ou d'accomplir certains actes réservés jusqu'à maintenant aux médecins, notamment en matière de santé et de sécurité au travail, d'aide aux personnes et aux familles, d'assurance automobile, de santé et de services sociaux et de services de garde éducatifs à l'enfance.
Pharmaciens
- Prescrire des médicaments en vente libre
- Administrer un médicament par voie intranasale
- Ajuster ou prolonger les ordonnances de tous les proscripteurs
- Prescrire et administrer des vaccins et, en situation d'urgence, certains autres médicaments.
Des crédits supplémentaires de 500 millions $ ont également été adoptés afin de payer les garderies destinées aux parents œuvrant dans les services essentiels et le personnel des soins de santé, mais aussi pour soutenir un éventuel plan d’aide aux entreprises.
Le leader de l’opposition officielle, le député libéral Marc Tanguay, a salué la collaboration de tous les partis pour l’adoption de ces mesures.
«Oui, nous mettons de côté des droits fondamentaux des oppositions, mais ce n'est que partie remise, a-t-il expliqué. C’était [...] la bonne et la seule chose à faire [en] devoir d'exemplarité et de faire en sorte que l'on puisse se serrer les coudes et apporter, nous également, notre effort dans le contexte actuel.»
Le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a dit souhaiter qu’à travers cette crise, les Québécois puissent réaliser que «leur liberté individuelle» ne dépendent pas d’eux.
«Elle dépend et elle repose sur la solidité de nos institutions, sur la force de nos liens sociaux, sur la vigueur de notre solidarité, et j'espère que c'est ça qu'on va réaliser, malgré tout ce qui va nous arriver, tous ensemble, dans les prochaines semaines», a-t-il affirmé.
«Il faut que l'histoire retienne que l'ensemble de l'Assemblée nationale aura été à la hauteur, à la hauteur des attentes des citoyens et citoyennes du Québec», a déclaré le leader parlementaire du Parti québécois, Martin Ouellet.