Des employés de Postes Canada s’inquiètent du manque de mesures d’hygiène offertes dans leur environnement de travail. Sans masque ni désinfectant, ils devraient même travailler aux côtés de collègues qui refusent de se placer en quarantaine.

«Au moment où on se parle, je suis dans un bureau. On est 42. Il y a des gens qui sont allés en voyage qui ne veulent pas aller en quarantaine [pour] des questions monétaires. Il n’y a pas de Purell, il n’y a pas de gants, il n’y a pas de masques, il n’y a rien», a raconté Michel*, un employé de Postes Canada qui a demandé à demeurer anonyme par peur de représailles de la part de son employeur, en entrevue à QUB radio jeudi.

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Stéphanie* se sent elle aussi abandonnée par son employeur. «J’ai vu des personnes en quarantaine être obligées de revenir au travail avant la fin de leur quarantaine», a-t-elle dénoncé.

«[Il n’y a] pas de pancarte aux employés à l’entrée du bureau ni à l’entrée de la cafétéria. C’est une vraie farce, on va tous se contaminer. Il n’y a aucun Purell pour les clients qui se présentent dans les comptoirs postaux, pas de délimitations entre les clients et les commis. Quelques bureaux ont pris des initiatives personnelles puisqu’ils se sentent en danger», a témoigné Stéphanie.

Michel a aussi affirmé que des collègues se seraient fait demander de fournir eux-mêmes des masques et des gants dans le cadre de leurs fonctions.

De plus, certains membres de la direction improviseraient des règles mettant à risque la santé des travailleurs.

«Si vous n’avez pas de symptômes, eh bien c’est la distance sociale, c’est un mètre. Si vous avez des symptômes, eh bien il faut que vous restiez à deux mètres. C’est-tu assez niaiseux. Si tu as des symptômes, tu t’en vas chez vous», s’est indigné Michel, devant ce règlement inadéquat.

Michel et Stéphanie accusent tous deux Postes Canada de manquer de proactivité, alors que la situation évolue très rapidement. «C’est à l’image du fédéral, c’est très lent à réagir», a lancé Michel.

Réaction du syndicat

Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a pour sa part assuré que les employés revenant de voyage avaient été contactés et que les directives de quarantaine de Santé Canada étaient respectées.

«C’est une quarantaine qui est payée par Postes Canada pour ceux qui sont des employés permanents. Pour ceux qui sont des employés temporaires, il y a quelques jours payés selon le Code canadien du travail et par la suite, le chômage. On est en train de négocier de façon serrée avec l’employeur pour que ces gens-là puissent être payés», a expliqué Alain Robitaille, président de la section locale de Montréal.

Si Postes Canada ne fait pas exception aux autres entreprises devant la pénurie de désinfectant et de lingettes, M. Robitaille estime que Postes Canada pourra fournir le matériel nécessaire à ses travailleurs très rapidement.

Quant à la manipulation des colis, il indique également que le risque de transmission du virus demeure minime. «Santé Canada nous dit que sur les surfaces sèches, [la durée de vie du virus est de] trois heures», a-t-il dit.

Plusieurs études démontreraient toutefois que le coronavirus peut vivre jusqu’à 24 heures sur le carton et jusqu’à trois jours sur le plastique.

Plus de dispositif électronique

Les citoyens qui commandent des produits en ligne doivent par ailleurs noter que les facteurs rendent désormais les colis sans signature. «Il n’y a plus de transfert du dispositif électronique où les gens vont signer du client au facteur qui va le redonner à un autre client», a fait savoir M. Robitaille.

Postes Canada tente de laisser le moins d’avis possible chez les destinataires afin de diminuer l’achalandage dans les comptoirs postaux.

*Prénoms fictifs