Pour les victimes de violence conjugale, le confinement relié à la crise du COVID-19 risque d’aggraver la situation. En effet, l’organisme SOS violence conjugale observe déjà une hausse de 15% des appels.
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La violence déjà présente à la maison peut s’amplifier, signale Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes. Mais en plus, l’isolement prôné actuellement est «un obstacle supplémentaire» pour les femmes souhaitant quitter un conjoint violent.
«Malheureusement, il est très probable que la violence conjugale augmente en nombre et en sévérité en contexte de pandémie, ainsi que l’exposition des enfants à celle-ci», soutient également Claudine Simon, criminologue spécialisée en violence conjugale et familiale.
«La peur, l’anxiété, la grande incertitude de même que l’énorme stress économique et la charge familiale qui s’ajoutent bien souvent aux difficultés déjà présentes deviennent des facteurs pouvant précipiter un épisode de violence», explique-t-elle.
«C’est possible et même logique de penser que le risque pourrait augmenter. Mais comme c’est une situation plutôt inédite, on n’a pas de données de recherche qui vont le démontrer, ça reste une hypothèse», nuance Geneviève Lessard, professeure et directrice d’une équipe de recherche en violence conjugale à l’Université Laval.
Le confinement peut rendre les enfants plus vulnérables, puisqu’ils ont moins accès à d’autres intervenants, comme les enseignants, dit-elle.
«Nous sommes conscients que les mesures d’isolement et de distanciation sociale peuvent s’accompagner d’une hausse de la détresse pour les personnes en situation de violence conjugale et intrafamiliale», commente la commandante Anouk St-Onge, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui invite à composer le 911 sans hésitation pour une assistance immédiate.
Les ressources sont ouvertes
Les ressources pour personnes victimes de violence conjugale font partie des services essentiels et demeurent ouvertes pendant la crise.
«En ce moment, l’approvisionnement en matériel sanitaire est problématique» dans les maisons d’hébergement, qui ont un taux d’occupation élevé, mentionne Mme Monastesse, invitant néanmoins les femmes à les contacter sans hésitation.
Le gouvernement Legault devrait profiter de la popularité de ses points de presse pour réaffirmer le caractère criminel de la violence conjugale, suggère Mme Simon. «Un message ferme et dissuasif doit être envoyé en même temps que des directives claires aux services de police à l’effet qu’ils continuent d’intervenir rapidement si la sécurité est compromise.»
On peut joindre SOS violence conjugale en tout temps au 1 800 363-9010, ou contacter le 911 pour une assistance immédiate.
Aider les victimes
Dans une situation normale, l’indice numéro 1 qui peut permettre de détecter une victime de violence conjugale, c’est l’isolement social. Comme c’est plus dur à repérer en cette période de confinement, voici quelques trucs.
Maintenir un contact téléphonique ou via les réseaux sociaux avec ses proches : une coupure soudaine des communications peut être un indice à surveiller.
Les victimes peuvent s’entendre sur un mot de code pour alerter leur entourage si la situation dégénère.
Diffuser les ressources, par exemple en affichant dans les espaces communs des immeubles locatifs le numéro de SOS violence conjugale.
En cas de doute, communiquer avec le 911.