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Moins de fruits et légumes sans employés

Valérie Jutras

Photo courtoisie

Les maraîchers ont peur de « manquer de bras » dans les champs du Québec et certains ont décidé de réduire drastiquement leur production, ce qui fera exploser le prix des fruits et des légumes. 

« Chez les maraîchers, c’est le dossier numéro un au Canada ! Certains n’en dorment pas la nuit. On reçoit une dizaine d’appels par jour de producteurs inquiets », lance Jocelyn St-Denis, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec. 

La COVID-19 retarde la venue des quelque 16 000 travailleurs étrangers temporaires qui prêtent main-forte aux fermes de la province.  

Plusieurs producteurs ont annulé ou diminué leurs commandes de plants, qu’ils comptaient mettre en terre sous peu, faute de savoir s’ils auront du personnel pour s’occuper des récoltes. 

Des millions de plants 

« J’ai vu des commandes de deux à trois millions de plants annulées », ajoute M. St-Denis. 

Valérie Jutras, copropriétaire des Cultures de chez nous, à Sainte-Brigitte-des-Saults, au Centre-du-Québec, embauche 60 travailleurs guatémaltèques.  

Même si elle ignore quand et combien d’entre eux viendront, cette productrice plantera huit millions de plants de poireaux, dès la fin avril. 

De plus, sa ferme emballe et vend 500 000 livres d’asperges, de la mi-mai à la fin juin. 

« Le stress est là », admet celle qui recrute actuellement des Québécois. 

En attendant, Mme Jutras garde contact avec ses travailleurs du Guatemala, qui a fermé ses frontières. 

« Ils sont tristes. Ils ont hâte de venir et de pouvoir envoyer de l’argent à leur famille », dit-elle. 

Selon Fernando Borja, directeur général de FERME, une fondation qui recrute cette main-d’œuvre étrangère, le Canada a demandé une permission spéciale au Guatemala pour permettre à ses ouvriers agricoles de travailler au Québec. 

« J’ai bon espoir que les travailleurs arriveront vers la mi-avril », dit M. Borja. 

Un protocole canadien a été établi pour encadrer la venue de ces employés étrangers.  

Ils devront se soumettre à des examens de santé avant leur départ, en vols nolisés. Ils seront ensuite en quarantaine pendant 14 jours et garderont deux mètres de distance avec leurs collègues. 

Selon l’Union des producteurs agricoles, Québec soumettra bientôt ses règles. 

Impact majeur 

Ce retard cause un impact majeur chez les producteurs, qui influencera l’offre des fruits et des légumes au Québec.  

« On s’attend à ce que le prix soit beaucoup plus élevé », croit M. Borja. 

Les légumes cultivés avec de la machinerie agricole, comme les carottes, les patates et les oignons, devraient abonder sur les tablettes.  

Or, ceux cueillis à la main, comme les tomates, les concombres, la laitue et les petits fruits, seront en quantité limitée, si la main-d’œuvre fait défaut. 

« Je me demande même si les producteurs planteront des fraises cette année. Ce sont de gros enjeux », soutient Mme Jutras.

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