Les producteurs laitiers québécois devront jeter au drain jusqu’à trois millions de litres, cette semaine, avec la fermeture des restaurants et des écoles liée à la pandémie de COVID-19.
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Le président des Producteurs de lait d’Outaouais-Laurentides, Yvan Bastien, a dû appeler des producteurs dans les derniers jours pour leur annoncer que leur lait ne serait pas ramassé par une citerne. Il en a fait de l’insomnie.
« C’est un peu comme leur dire qu’ils travaillent pour rien, déplore-t-il. Cette semaine, on s’enligne pour jeter l’équivalent de trois millions de litres de lait. »
Cela représente un peu plus de la moitié d’une piscine olympique.
La productrice laitière Audrey Lemaire, de Saint-Jérôme, a été avisée que ses 11 000 litres seraient jetés, soit l’équivalent de 69 barils de pétrole.
« C’est du travail, mais au-delà du travail, c’est du lait qu’on jette au drain », se désole-t-elle.
Ventes variables
Les hôtels, restaurants et écoles représentent 35 % des ventes des produits laitiers des Producteurs de lait du Québec. Or, plusieurs établissements sont fermés à cause de la COVID-19.
Parallèlement, les ventes ont été très fortes à la mi-mars, puisque les consommateurs qui ont fait des provisions ont réduit leurs achats, selon le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre.
La demande a monté à 16 millions de litres de lait par semaine et les producteurs se sont ajustés, mais elle est redescendue à 13 millions de litres tout aussi vite, créant des surplus.
« C’est déplorable parce qu’on ne produit pas le lait pour le jeter. Il n’y a rien de plus frustrant », indique M. Letendre.
Un don de deux millions de litres de lait a été fait aux Banques alimentaires du Québec la semaine dernière, mais il y en a encore trop.
Pas des robinets
La productrice Vanessa Mondou rappelle que les vaches ne se gèrent pas comme des machines.
« Ce ne sont pas des robinets. Si elles continuent à produire, on a quand même un surplus de lait », explique-t-elle.
L’Association des détaillants en alimentation du Québec assure qu’il ne manque pas de produits laitiers pour les clients en magasin.
« On est en train de regarder ce qu’on peut faire. On va voir avec eux si on ne peut pas, peut-être un peu, augmenter nos demandes », mentionne Stéphane Lacasse.