«Laissez-nous opérer, laissez-nous diagnostiquer, laissez-nous intervenir, laissez-nous faire nos procédures pour qu’on puisse servir les gens qui attendent depuis déjà trop longtemps» : voilà le cri du cœur que livre l’Association des cardiologues du Québec.
En entrevue avec Michel Jean, le docteur Arsène Joseph Basmadjian a soulevé les craintes de plusieurs professionnels de la santé. Actuellement, les urgences sont traitées dans les hôpitaux, mais la pandémie de la COVID-19 pourraient avoir des impacts négatifs sur certains patients.
«Ce qui nous préoccupe, ce sont les quelque peu oubliés. On parle de ceux qui ont des maladies sérieuses, des situations graves. Ils sont soit sur des listes d’attente, donc leur situation peut s’aggraver en attendant, soit des cas méconnus, des patients qu’on ne connaissait pas. Depuis six semaines, on ne peut pas faire les processus de diagnostic qu’on souhaiterait faire chez des patients qui ont des symptômes, mais qui attendent d’être évalués adéquatement.»
Des enjeux partout
Dans la grande région de Montréal, où la majorité des cas de COVID-19 sont recensés, les ressources sont mobilisées dans la lutte au virus. Mais dans d’autres régions, la situation est sous contrôle. Pourtant, même à ces endroits, les procédures normales n’ont pas reprises.
«Il y a une limitation qui pourrait être expliquée en partie par le manque d'agents anesthésiants. Il y a beaucoup de procédures en cardiologie qui demeurent des interventions où on doit faire des dilatations, on met des pacemakers. On peut ajuster la sédation et les interventions sont souvent faites éveillées. On peut se poser la questions pourquoi c’est complètement bloqué partout.»
«Il y a moyen d’utiliser les bonnes ressources et de prendre un peu de recul pour peut-être faire ça de façon plus ordonnée. Notre cri du cœur, c’est pour dire que les hôpitaux ont bien été gérés. Maintenant, laissez-nous progressivement reprendre nos activités pour qu’on puisse soigner la population.»
Car la plus grande crainte de l’Association des cardiologues du Québec, c’est qu’on crée un problème plus important en négligeant certains traitements importants. D’autant plus que les listes d’attente pourraient s’allonger.
«Ce qu’on veut faire, c’est essayer de prévenir une deuxième vague. Pas nécessairement une deuxième vague d’infection, mais une deuxième vague qui pourrait être même plus dévastatrice que la première. On veut éviter les dommages collatéraux», conclut le docteur Arsène Joseph Basmadjian.