/news/coronavirus

«Des coups sur la gueule, mais jamais comme en CHSLD» - Enrico Ciccone

 Enrico Ciccone en a vu d’autres. Mais jamais l'ancien joueur de hockey devenu député libéral n’a été ébranlé comme par ce qu’il a vécu en CHSLD quand il y a prêté main-forte.   

«J’ai mangé des bons coups de poing sur la gueule dans ma vie, mais jamais de coups de poing comme ceux que j’ai mangés dans mes deux derniers quarts de travail. C'est atroce. Ça me bouleverse. Quand on dit que ces gens-là (les travailleurs de la santé) sont des anges, ils le sont réellement», a raconté M. Ciconne en entrevue avec Mario Dumont.  

Le colosse de 50 ans s’est manifesté quand il a vu l’urgence nationale qu’était devenue la situation dans les CHSLD. C’est le citoyen dit-il qui s’est porté volontaire. 

«Je suis arrivé à 7h30, il y avait trois préposés, deux aides, moi, une étudiante et une infirmière auxiliaire pour le plancher de la zone rouge du CHSLD. Sur 18 bénéficiaires, il y en avait 13 ou 14 qui étaient infectés par la COVID-19», détaille-t-il.   

D’abord mandaté pour assurer la communication téléphonique entre les familles et les résidents, faire la lessive, passer les cabarets, Enrico Ciccone a vu sa tâche redéfinie en deux heures.    

«À 9h30, deux préposées nous envoient la main en nous disant qu’elles doivent quitter, car elles viennent de recevoir leur test positif pour le coronavirus. Mon rôle a changé. On a changé les couches des résidents, on les a lavés. Je n’ai pas eu le choix, je l’ai fait. Les bénéficiaires devaient avoir des soins minimums. Plusieurs sont sévèrement affectés cognitivement», fait savoir l’ancien hockeyeur.    

Ébranlé, peiné, en colère 

La lourdeur du travail et l’ampleur de la tâche à accomplir sont rapidement venues à bout du député de Marquette qui est pourtant en grande forme physique.  

«Je suis grand et fort et j’étais brûlé même durant mon quart de travail. C’est un travail difficile.» Il cite en exemple. «Cent trente personnes ont été déployées dans les CHSLD de l’ouest de Montréal et 54 d’entre elles se sont désistées en y mettant les pieds, car elles n’ont pas été capables de voir ce qu’elles ont vu», s’attriste Enrico Ciccone.    

L’expérience a marqué l’homme. «Je suis ébranlé, peiné, en colère. Je ne verrai plus jamais la vie de la même façon, surtout en vieillissant. Est-ce que je veux me retrouver dans une situation comme ça? Ça remet les pendules à l’heure», souffle Enrico Ciccone.   

Il y a urgence d’agir plaide-t-il. «Il faut des bras sur le terrain. Il faut augmenter les salaires de ces femmes-là, car 95% des préposées sont des femmes. Si on ne s’occupe pas des gens dans les prochains 36 à 48 heures, ces bénéficiaires-là vont mourir. Il faut les faire manger et leur donner les soins minimums pour les garder en vie et leur donner une certaine dignité», implore Enrico Ciccone.

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.