À la «messe» de 13h, à Québec, on ne badine plus.Plus de tartelettes portugaises ou d'annonce sympathique sur le statut professionnel de la «fée des dents».
Il y a un mois, le gouvernement et le Québec étaient confiants et fiers.
On l'avait, la solution, et les leaders pour la porter. On se félicitait de la stratégie, que les Québécois ont embrassée en masse (avec raison).
On croyait sincèrement au slogan «ça va bien aller». On regardait la Floride (avec ses plages ouvertes) de haut. «Ouf, ils vont se planter!» Or dans les chiffres, pour l'instant...
Fini l'optimisme
Depuis le samedi saint, on a compris que le Québec ne réaliserait pas les scénarios optimistes, portugais ou allemand. C'est l'hécatombe dans les CHSLD, on s'attend même à des «milliers de morts».
Le gouvernement Legault en est réduit à quêter encore plus d'aide de l'Armée du Dominion pour régler les problèmes dans les résidences pour personnes âgées. (L'Ontario aussi, mais dans une moindre mesure.)
L'armée auprès des vieux: l'image demeurera après la pandémie sans doute comme l'une des plus fortes.
On me dira que les armées sont là pour ça: non seulement pour aller combattre à l'étranger, mais aussi pour protéger et secourir leur peuple quand il le faut.
Ennemi minuscule
Lors d'une catastrophe naturelle, on comprend: déluge du Saguenay, tempête de verglas, inondations, la capacité qu'a l'armée de se déployer, avec bras, camions, outils, est indispensable.
La catastrophe à laquelle nous sommes confrontés est bien «naturelle» en un sens, mais c'en est une de l'infiniment petit: un virus! Rien à voir avec les éléments qui se déchaînent. Que peut un tank contre un virus?, si vous me permettez l'image.
«Ça ne sera pas idéal, mais au moins, ça va être des bras pour nous aider», a expliqué François Legault mercredi. Peu de soldats sur ceux disponibles ont une formation en santé, mais ils contribueront à sauver nos vieux. Je trouve cela admirable. Mais cela demeure une preuve que «ça ne va pas bien».
Chiffres?
La faute revient peut-être en partie aux statistiques, soutient Horacio Arruda: «Faire des comparaisons entre les pays qui ne comptent pas de la même façon, c'est trompeur.» Ailleurs, souvent, on ne compterait pas les décès survenant hors hôpital. Il y a peut-être là une cause de l'apparente contre-performance du Québec dans cette lutte à la pandémie.
En même temps, on se compare le plus souvent avec les provinces canadiennes, lesquelles ont des méthodes statistiques passablement similaires aux nôtres. De plus, lorsque les comparaisons internationales étaient à son avantage, François Legault n'hésitait pas à les faire.
Certes, sa gestion de la pandémie est loin d'être un échec absolu. En région et dans la Capitale, on peut même dire que «ça va [plutôt] bien» par exemple.
Mais ce n'est assurément pas le cas pour les vieux, principalement dans la métropole. Il faudra bien expliquer un jour, dans une éventuelle commission, quelles erreurs ont été commises, et par qui.