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Il a peur que sa mère meure déshydratée

Dominic Perrini

Photo Chantal Poirier

Un proche aidant craint que sa mère ne meure de déshydratation bien avant d’attraper la COVID-19, puisqu’il s’est fait refuser l’accès à son CHSLD de Montréal alors qu’il est le seul à pouvoir l’alimenter. 

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« C’est une question de survie », dit Dominic Perrini à propos de la situation de sa mère Rocca Farella, 96 ans, qui est hébergée au CHSLD Auclair, dans le quartier La Petite-Patrie à Montréal. 

« Je suis prêt à mettre ma main au feu qu’elle n’a pas pris une goutte d’eau depuis [dimanche] 18 h », soit la dernière fois où il a pu se rendre à son chevet, estimait-il hier. 

La dame de 96 ans avec sa petite-fille Mélissa Morin.

Photo courtoisie

La dame de 96 ans avec sa petite-fille Mélissa Morin.

Raisons humanitaires 

Depuis la mi-mars, les visites en centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) étaient interdites. Mais la situation de Mme Farella, atteinte de la maladie d’Alzheimer avancée, est si particulière que son fils avait une autorisation extraordinaire afin de continuer à s’y rendre pour raisons « humanitaires ». 

Personne n’arrive à la faire boire et manger ou à lui administrer son médicament pour la glande thyroïde, sauf lui, explique M. Perrini. L’homme de 62 ans visitait sa mère trois fois par jour depuis quatre ans.  

La semaine dernière, le premier ministre François Legault a annoncé que certains proches aidants de longue date allaient être autorisés à reprendre les visites afin de décharger le personnel débordé. 

La nouvelle consigne ne semble toutefois pas être appliquée partout.  

« Pour l’instant, les visites [...] ne sont pas encore autorisées » en attendant d’évaluer comment prévenir les infections, indique Marie-Hélène Giguère, du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal, qui chapeaute le CHSLD Auclair. 

Premier cas de Covid-19 

Malgré son cas d’exception, la permission de visite de M. Perrini a été révoquée lundi parce qu’un premier cas de COVID-19 s’est déclaré au centre d’hébergement Auclair.  

Les établissements peuvent en effet « suspendre l’accueil de proches aidants » en cas d’éclosion, peut-on lire sur le site du ministère de la Santé. 

M. Perrini dit comprendre cette situation délicate, mais il maintient que la vie de sa mère est en jeu.  

« Ce n’est pas du virus qu’elle va décéder. C’est de déshydratation », résume-t-il.  

De son côté, le CIUSSS dit ne pas pouvoir commenter les cas particuliers de patients. 

Pour ce qui est de ceux qui ont de la difficulté à s’alimenter, « nous avons des nutritionnistes sur place qui peuvent élaborer des menus spécifiques et déployer des stratégies », indique Mme Giguère.

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