La réouverture graduelle de l’économie et des écoles du Québec est nécessaire et même «souhaitable pour la santé de la société», a déclaré jeudi François Legault lors d’un plaidoyer pour le développement de l’immunité naturelle au sein de la population.
• À lire aussi: De l'espoir pour les activités sportives
• À lire aussi: Près de 10 000 travailleurs de la santé absents dans le réseau
• À lire aussi: Québec déplore 109 nouveaux décès et 873 cas supplémentaires de la COVID-19
L’immunité collective à la COVID-19 est nécessaire pour éviter de «perdre le contrôle» advenant une deuxième vague de l’épidémie, a raisonné le premier ministre lors de son point de presse quotidien, rappelant que l’arrivée d’un vaccin pourrait prendre jusqu’à deux ans.
«On ne peut pas demander aux gens de rester chez eux pendant deux ans. L’idée c’est d’y aller graduellement, a-t-il soulevé. La pire chose à faire, ce serait de dire à tout le monde de sortir en même temps au mois de septembre.»
Après avoir annoncé la veille qu’il déposerait la semaine prochaine des plans de réouverture, François Legault a enfilé l’habit de pédagogue, jeudi, afin de rassurer les citoyens inquiets à l’idée de retourner au travail ou d’envoyer leurs enfants à l’école.
«La situation est beaucoup plus sous contrôle si on arrive à avoir une partie de la population qui est immunisée, c’est ce que les spécialistes appellent l’immunité naturelle, a expliqué le premier ministre. L’idée, c’est d’y aller très graduellement pour que les personnes qui sont moins à risque puissent développer des anticorps et devenir immunisées.»
Mais dans cet exercice d’immunisation collective, les gens les plus vulnérables à la maladie doivent être protégés. «Ça veut dire les gens qui ont 60 ans et plus, donc, qui représentent actuellement 97 % des décès», a-t-il insisté.
Un taux d'immunité de 80 % nécessaire?
Au Québec, le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, estime qu’entre 5 % et 10 % des Québécois ont été atteints par le coronavirus, un pourcentage probablement plus élevé dans les régions plus affectées comme Montréal et Laval. À l’inverse, la transmission risque d’avoir été moins importante dans les régions comme le Bas-Saint-Laurent, a illustré le Dr Arruda.
Or, pour obtenir une immunité de masse, il faudra atteindre un taux d’immunité oscillant «entre 60 % et 80 %», selon le Dr Arruda.
«Pour vous donner un exemple, un virus très contagieux comme la rougeole, ça prend 95 % pour éviter des épidémies, compare-t-il. Ici, on n’est peut-être pas au même niveau que la rougeole, mais je vous dirais qu’entre 60 % et 80 %, on est dans une fourchette qui est acceptable.»
Port du masque
Le développement de cette immunité naturelle doit cependant se faire de manière graduelle, ont insisté François Legault et le Dr Arruda. C’est pourquoi les calendriers de réouverture qui seront présentés la semaine prochaine pourraient, dans certains cas, s’étaler jusqu’au mois de septembre.
Et pour éviter une nouvelle hausse du nombre de contaminations, la santé publique «recommandera fortement» le port du masque, sans toutefois le rendre obligatoire, a indiqué le Dr Arruda.
«Ça va être une recommandation assez forte, particulièrement quand les gens vont prendre le transport en commun ou qu’ils ne pourront pas respecter la distanciation de deux mètres, précise-t-il. Je pense que ça va devenir un sens civique, quelqu’un qui ne veut pas être vu comme un contaminateur va vouloir le faire.»