Le Direction de la santé publique de Montréal envisage d’installer des morgues temporaires si le nombre de victimes de la COVID-19 continue d’augmenter.
Ce scénario est le pire considéré par la santé publique dans son plan de contingence obtenu par notre Bureau d’enquête. Il sera nécessaire si l’on compte plus de 65 décès par jour, que 100 % des morgues d’hôpitaux sont occupées, tout comme 75 % des places en salon funéraire.
Ainsi, la Ville de Montréal pourrait devoir fournir aux établissements de santé un ou des lieux « alternatifs » pour assurer l’entreposage des dépouilles des défunts.
« Advenant un dépassement de leur capacité, les salons funéraires pourraient assurer la gestion des dépouilles dans des lieux alternatifs mis à la disposition de ces entreprises par la Ville de Montréal », peut-on lire dans le plan.
Des arénas ailleurs
Dans certains pays, comme en Italie ou en Espagne, des arénas ont été utilisés pour entreposer les corps. Pour le moment, les hôpitaux et salons funéraires ont plutôt recours à des conteneurs réfrigérés qui ont été installés à proximité des établissements.
En temps normal, on compte environ 40 décès par jour dans la métropole, mais la pandémie a fait bondir ce nombre.
Cette semaine seulement, on a dénombré plus de 400 décès liés à la COVID-19 à Montréal, soit près de 60 par jour. Tout cela, sans compter les décès liés à d’autres causes.
La santé publique de Montréal comptabilise les décès quotidiennement pour être en mesure de continuer à répondre à la demande et réagir en conséquence.
84 crémations par jour
Au total, les morgues des hôpitaux de la métropole disposent de 225 places pour les défunts, et on compte 1543 places additionnelles dans les salons funéraires.
La Fabrique de la paroisse Notre-Dame-de-Montréal, qui gère le Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, dispose à elle seule de 600 espaces.
Les installations funéraires du grand Montréal ont à leur disposition 14 fours crématoires, ce qui permet un maximum de 84 crémations par période de 24 heures.
Avec l’afflux de décès liés à la COVID-19, on a séparé le territoire de l’île en deux pour s’assurer d’avoir des équipes de salons funéraires disponibles 24 heures sur 24. Pour le nord et l’est, c’est Magnus Poirier et pour le sud et l’ouest, il s’agit du Complexe Aeterna.
La récupération des corps n’a pas toujours été simple dans les derniers jours. Des dépouilles dans des CHSLD sont restées plusieurs heures et même plusieurs jours à l’intérieur des murs avant le passage des responsables de la morgue.
Crimes majeurs en renfort
Pour aider à traiter la hausse des décès, des agents des crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal pourraient également venir prêter main-forte.
Ils auraient la responsabilité des dépouilles non identifiées ou qui n’ont pas été réclamées par une famille. Ce travail sera fait de pair avec le Bureau du coroner.
« Le nombre d’effectifs assigné à ces tâches sera rehaussé afin de réduire les délais d’enquête et ainsi favoriser la sortie rapide de ces dépouilles vers les entreprises funéraires », peut-on lire dans le plan de contingence.
En plus du plan régional, chaque établissement doit avoir son propre plan local pour faire face à la hausse de cadavres à l’intérieur de sa morgue.
« Des ententes peuvent être prises avec des entreprises funéraires pour permettre l’extension de leur morgue ainsi que le recours à des camions réfrigérés. »