Il n’est pas question de violer la vie privée en prenant systématiquement la température corporelle des clients à l’entrée d’une épicerie, défend un entrepreneur de Québec, dont le système de caméra thermique a été implanté dans un supermarché de la Rive-Sud.
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Le IGA Extra Famille Buteau, à Saint-Lambert-de-Lauzon, annonçait samedi avoir mis en opération un système prélevant à distance la température des clients. Des questions de droit à la vie privée ont été soulevées, notamment quant à la récolte et au stockage des données.

Photo courtoisie
Caméra thermique utilisée au IGA Extra Famille Buteau.
Peu surpris de voir les réactions diverger, l’homme d’affaires Danny Wickham affirme que l’implantation du système « s’est faite dans les règles de l’art » : suppression quotidienne des images récoltées, collecte d’information anonyme, système opérant en circuit fermé.
« Google et Facebook, qui savent où vous êtes allés à toute heure du jour avec votre cellulaire, ça, c’est Big Brother. Ça, c’est intrusif pas à peu près. Nous, c’est in-and-out », insiste le vice-président de Géo Génération, basé à Lévis.
Au moins deux entreprises québécoises implantent ce type de caméra, dont l’utilisation a été avalisée par Santé Canada, le 28 mars, par le biais d’un arrêté d’urgence visant l’utilisation de certains instruments médicaux pour lutter contre la COVID-19.
Le IGA Extra Famille Buteau a pour le moment cessé d’avoir recours à cette technologique, sans l’écarter pour l’avenir.
À en croire Danny Wickham, il n’est pas long avant que ces caméras se multiplient à travers le Québec. Municipalités, usines, garderies : les établissements avec qui il entretient des pourparlers sont nombreux, jure-t-il.
Atteinte « raisonnable »
Si l’atteinte à la vie privée est bien réelle, elle est « plutôt raisonnable et justifiable dans les circonstances », estime le professeur de droit public à l’Université Laval, Patrick Taillon.
« Il y a une [atteinte], mais elle est très ponctuelle et elle dure quelques secondes », pointe-t-il.
M. Taillon souligne toutefois qu’au-delà de la bonne foi des exploitants, aucune loi n’encadre l’usage des données une fois qu’elles sont récoltées.