Des détenus de la prison de Bordeaux ont entamé une grève de la faim alors qu’un premier décès lié à la COVID-19 aurait été enregistré dans la prison montréalaise.
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Selon les informations de notre Bureau d’enquête, tous les prisonniers du bloc G auraient cessé de s’alimenter pour dénoncer les conditions sanitaires de la prison.
La prison de Bordeaux est le seul établissement carcéral du Québec à être infecté par la COVID-19. Pas moins de 34 détenus ont été déclarés positifs, ainsi que 20 gardiens. Un détenu serait mort de la maladie, mais les autorités n’ont pas confirmé l’information.
Par le biais de vidéos, des détenus ont dénoncé les conditions sanitaires dans lesquelles ils se trouvent. Ils déplorent l’absence d’eau courante dans les lavabos et les toilettes, et qu’ils n’aient pas de masques à leur disposition.
Le gouvernement réagit
Devant la multiplication des cas à Bordeaux, qui ont doublé en une semaine, le gouvernement Legault a annoncé une nouvelle mesure mercredi pour freiner la propagation du virus en milieu carcéral. En effet, la vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault, qui est également ministre de la Sécurité publique, a indiqué que des sorties à des fins médicales seraient dorénavant permises à certains détenus.
«Les personnes qui pourront éventuellement se prévaloir de cette permission de sortie à des fins médicales sont des personnes qui ont commis des délits de faible niveau de gravité, a précisé Mme Guilbault. Aucun détenu qui a commis un crime violent ne va sortir du centre de détention. On parle de facteurs très ciblés, de gens vulnérables, par exemple des femmes enceintes, et des gens qui ont un restant de peine de moins de 30 jours à purger.»
La tension monte
Cette mesure vient s’ajouter aux autres mises en place au début de la crise sanitaire, dont la suspension des visites. La coupure avec le monde extérieur a toutefois des répercussions importantes, et plutôt nocives, sur la vie à l’intérieur des murs.
«Tous les centres de formation sont fermés, on ne peut plus faire rentrer de vêtements, on n’a à peu près pas de sorties extérieures... Ils nous mettent en “deadlock”», a témoigné un détenu dans une vidéo.
«Oui, la tension est haute. On est tous inquiets. On se demande ce qui se passe. On ne peut même pas aller aider nos familles», a déclaré un autre détenu.
«C’est sûr que les gens sont très inquiets, les familles sont inquiètes, a indiqué au Bureau d’enquête Me Pierre Tabah, avocat spécialisé en droit carcéral. Et puis ça, ce n’est jamais un bon cocktail quand tout le monde devient inquiet, quand tout le monde devient impatient. Actuellement, ça n’augure pas très bien, selon ce que j’entends.»
Le ministère de la Sécurité publique a affirmé que tout était maîtrisé et que les détenus de la prison de Bordeaux sont isolés 23 heures sur 24.