La tension est montée d’un cran au Centre de détention de Montréal, où les détenus ont manifesté leur mécontentement face à la gestion de la crise de la COVID-19, lundi.
Depuis le début, 55 cas ont été confirmés parmi les 901 détenus de la prison de Bordeaux. Pour protester contre le traitement qu’il leur est réservé, certains détenus ont levé le ton, chahuté, frappé dans leur porte de cellule, confirme la relationniste de la prison, Marie-Josée Montminy.
Dans le secteur E de la prison, on a dû couper l’eau parce que certains prisonniers ont fait déborder leur toilette, raconte Mathieu Lavoie, du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec.
«Ils ont mis le feu à du papier journal et à du papier de toilette. Ce sont de petits foyers d’incendie qui ont été maitrisés. Nous avons des agents correctionnels qui sont formés pompiers. Ils sont intervenus rapidement. Sinon, les détenus ont manifesté sous forme de cris et de colère leur mécontentement face à la situation reliée à la COVID-19», ajoute M. Lavoie, joint par TVA Nouvelles.
La relationniste de l’établissement a ajouté qu’aucun foyer d’incendie n’a été constaté.
Selon le dernier bilan syndical, 31 employés sont contaminés par le nouveau coronavirus. Le syndicat estime qu’entre 20 % et 25 % du personnel est absent, soit en attente de résultats ou en isolement préventif.
Un manifeste
Un comité de détenus demande à Québec de libérer plus de détenus, dans un «manifeste» remis lundi à notre Bureau d’enquête et comprenant sept récriminations.
Les prisonniers estiment que le décret de la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, visant à autoriser la sortie de prisonniers vulnérables dont les femmes enceintes, ainsi que les personnes ayant commis des délits de faible niveau de gravité, n’a touché qu’une infime portion de pensionnaires.
Ils demandent entre autres au gouvernement d’approuver une remise hâtive en liberté pour les prisonniers avec une peine restante d’un an ou moins. Ils réclament aussi qu’une journée en détention équivaille désormais à trois jours de peine, étant donné les conditions «diminuées» et «inacceptables» dans lesquelles ils jugent se trouver.
Les détenus ont dénoncé, dans des vidéos diffusées la semaine dernière, l’absence d’eau courante dans les lavabos et les toilettes et un accès aux douches très peu fréquent, notamment. Leurs visites ont également été suspendues jusqu’à nouvel ordre.
Plus de protection, plus d’activités
Réclamé depuis plusieurs semaines, le matériel de protection est aussi mis de l’avant dans le manifeste des détenus de la prison de Bordeaux. À l’heure actuelle, les pensionnaires déplorent n’avoir toujours pas accès à des masques de protection. Ils dénoncent aussi que les gants mis à leur disposition, destinés aux cuisines de restauration rapide et de magasins en vrac, ne soient pas de qualité suffisante pour en faire usage.
Le comité juge par ailleurs que les activités offertes à la prison de Bordeaux sont inégales entre les différentes zones de l’établissement. «Certains secteurs se sont vu octroyer des Xbox et d’autres pas. [...] Ils ont reçu Super Écran et Crave, mais ce n’est pas suffisant», peut-on lire dans le document.
Les pensionnaires espèrent par ailleurs que l’on reconnaisse officiellement le Comité des détenus de Bordeaux afin que ceux-ci puissent faire front commun. Ils demandent finalement à ce que leur organisation soit informée de l’utilisation du fonds des détenus.
Par voie écrite, le cabinet de la ministre Guilbault a fait savoir qu’il n’avait pas reçu de copie du manifeste jusqu’à présent, mais qu’il travaillait étroitement avec la santé publique afin de «faire le maximum pour assurer la sécurité des agents des services correctionnels et des personnes incarcérées».
Grève de la faim en pause
Des pensionnaires de l’établissement correctionnel terminaient mardi une grève de la faim, qui devrait reprendre mercredi si leurs conditions n’ont pas évolué positivement.