Le fédéral ne devrait pas accorder d’aide aux compagnies aériennes qui refusent de rembourser leurs clients pour les vols annulés par la COVID-19, affirment le Bloc québécois et le NPD.
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Face aux demandes d’aide de l’industrie aérienne durement touchée par la pandémie, ces deux partis d’opposition soutiennent que les transporteurs doivent d’abord rembourser leurs clients au lieu de leur accorder des crédits de voyage valables pour 24 mois. Ces crédits sont parfois non transférables, utilisables seulement pour la destination initiale, sans garantir le prix payé initialement, ce qui fait que le client devra verser un supplément.
«Ottawa doit faire cesser cette pratique des compagnies aériennes qui consiste à confisquer l’argent de leurs clients pour se maintenir à flot. Les gens sont littéralement pris en otage alors qu’ils ont besoin de cet argent pour payer leurs factures», a déclaré le porte-parole en matière de transport du Bloc, Xavier Barsalou-Duval, par communiqué, jeudi.
La députée du Nouveau Parti démocratique Niki Ashton a aussi dénoncé le comportement des compagnies aériennes.
«Les clients sont victimes d'abus de la part des lignes aériennes. Des crédits ne suffisent pas, des remboursements s'imposent, surtout alors que des fonds publics seront offerts aux compagnies aériennes», a-t-elle affirmé par courriel.
Les sommes ainsi retenues par les compagnies aériennes sont considérables. Le «Journal de Montréal» a rapporté qu’au 31 mars dernier, Air Canada détenait dans ses coffres 2,6 milliards $ à titre de «Produits passages perçus d’avance» auprès de ses clients. De son côté, Transat rapportait, au 31 janvier dernier, à titre de «Dépôts de clients et revenus différés» un montant de 809 millions $.
Aussi dénoncées par Option consommateur, ces retenues sont exceptionnellement autorisées par l’Office des transports du Canada.
«C’est l’organisme qui a le mandat de protéger les passagers aériens qui incite les transporteurs à aller à l'encontre de la Loi sur la protection du consommateur et du Code civil du Québec. Avec des amis comme ça, on n’a pas vraiment besoin d’ennemis!» a souligné le député bloquiste qui soutient que le Canada est le seul pays en Occident qui ne force pas les transporteurs à rembourser leurs clients pour les vols annulés.
Entretien
Le Bloc québécois déplore aussi qu’une entreprise comme Air Canada profite de prêts de l’État fédéral de 788 millions $ et d’autres aides lorsqu’elle laisse environ moitié de sa flotte à l’extérieur du pays, en attendant la fin de la crise. Les travaux d’entretien et de maintenance sur les aéronefs se font donc à l’étranger, principalement aux États-Unis.
« Ce n’est pas normal qu’une entreprise d’ici qui profite d’un important soutien de l’état décide de faire travailler des gens à l’étranger avant d’engager son propre monde», a précisé Xavier Barsalou-Duval.
«Le gouvernement doit mettre ses culottes et faire comprendre à ces entreprises qu’elles ne peuvent pas avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre. L’accès à des fonds publics est un privilège qui doit venir avec des responsabilités accrues envers la population qui leur vient en aide», a ajouté le député québécois.