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Des temps de déplacement de rêve

MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI

 La congestion routière a chuté depuis le début de la crise, notamment à Québec et Montréal. Voici les résultats: 

Départs du centre-ville de Montréal   

  • Calculés le mardi 12 mai à 17 h              
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Départs du centre-ville de Québec   

  • Calculés le mardi 12 mai à 17 h              
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TAUX DE CONGESTION  

À Montréal  

Avant la pandémie   

67 % : taux moyen lors de la période de pointe du jeudi après-midi, selon la firme TomTom. Ce taux veut dire qu’un trajet prend en moyenne 67 % plus de temps qu’un trajet sans bouchons.         

Maintenant 11 %  

À Québec  

Avant la pandémie   

63 % : taux moyen lors de la période de pointe du jeudi après-midi, selon la firme TomTom. Ce taux veut dire qu’un trajet prend en moyenne 63 % plus de temps qu’un trajet sans bouchons.         

Maintenant 14 %   

Source : TomTom Traffic congestion index, pour la journée du jeudi 7 mai à 16 h  


EXEMPLE DE RÉDUCTION DU TRAFIC À MONTRÉAL  

Pont Médéric-Martin, autoroute des Laurentides, entre Montréal et Laval, de fin février à début avril.            

  • Véhicules légers (comprend les voitures) : baisse de plus de 60 %  
  • Camions intermédiaires : baisse de 50 à 60 %  
  • Camions lourds : baisse de 30 %   

Source : ministère des Transports du Québec  

Des mesures de télétravail simples à mettre en place   

  • Instaurer le télétravail à grande échelle lors des journées de tempête de neige       
  • Forcer les employés contagieux, qui ont le rhume, par exemple, à faire du télétravail       
  • Encourager le télétravail pendant les journées de smog       
  • Décaler les horaires des entreprises pour réduire les heures de pointe       
  • Implanter un certain nombre de jours en télétravail pendant la semaine              

Sources : experts interrogés lors de ce dossier  

Le portrait accablant Des embouteillages   

  • En temps normal, à Montréal, les automobilistes gaspillent beaucoup de temps et d’argent dans la congestion. Voici ce qu’on a économisé en mars et avril en raison de l’absence de congestion.       
  • 20,6 millions d’heures gagnées par les automobilistes en temps perdu dans les bouchons.       
  • Ce qui équivaut à :
    586 894 semaines de travail ou 12 226 années de travail       
  • 20,7 millions de litres d’essence économisés, ou 18,6 millions $              

Source : adaptation d’une étude de la firme ADEC, avec l’assentiment de l’auteur  

Des remises en question à prévoir  

La congestion sur les routes est disparue presque instantanément à Montréal et à Québec, tout comme dans la plupart des grandes villes du globe, dès le début de la pandémie de la COVID-19.       

Depuis deux mois maintenant, les grandes artères sont dégagées. La circulation est fluide partout. Finis les cauchemars, finis les ponts bloqués et les bouchons, fini le stress dans le trafic.       

Le ralentissement de l’économie y est pour beaucoup. Mais dans la balance, pèse aussi le télétravail.       

Actuellement, près de la moitié (47,9 %) des entreprises canadiennes y ont recours, selon une étude de Statistique Canada datant de la fin du mois d’avril. Avant la pandémie, au début février, elles étaient 20,4 % à y avoir recours.       

Puisqu’on travaille davantage à domicile, est-ce le moment de revoir les grands projets actuels de transport en commun et de travaux routiers ? Certaines personnes croient qu’il faut le faire immédiatement, tandis que plusieurs experts interrogés estiment que les grandes remises en question seront inévitables, mais plus tard.       

Pas cher et efficace  

Chose certaine, l’implantation à grande échelle du télétravail, même si elle est forcée comme c’est le cas présentement, a produit des effets évidents.       

« Ce n’est pas spectaculaire, ça ne coûte pas des milliards, mais c’est drôlement efficace [pour réduire la congestion], et on s’en rend compte aujourd’hui », souligne Pierre-Olivier Fortin, porte-parole de CAA-Québec.       

« Une personne en télétravail, c’est une personne de moins dans le bouchon de circulation », ajoute-t-il.       

À son avis, le télétravail est là pour rester, mais il est difficile de savoir à quel point il demeurera répandu. CAA-Québec ne préconise pas l’annulation des grands projets actuels de transport.       

Tramway ou aînés ?  

Peu de personnes l’ont fait jusqu’à maintenant. Récemment, le chef de l’opposition à l’Hôtel de Ville de Québec, Jean-François Gosselin, affirmait qu’il faut se demander si la facture des projets, y compris ceux du tramway et du troisième lien, dont il est un ardent défenseur, n’est pas trop salée dans le contexte actuel.       

Selon M. Gosselin, l’argent public devrait plutôt être investi en priorité dans les soins aux personnes âgées, durement éprouvées par la crise de la COVID-19.       

À la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, on estime au contraire que ce serait une erreur d’abandonner les grands projets dans l’immédiat, comme celui du prolongement de la ligne bleue du métro.       

D’après le président de l’organisme, Michel Leblanc, ces investissements publics seront nécessaires pour relancer l’économie après la fin de la pandémie.       

« Tous les échanges qu’on a eus avec les gouvernements indiquent qu’il n’est pas question d’abandonner les programmes d’infrastructures », explique-t-il en entrevue.       

Des défis  

Mais M. Leblanc admet que les réseaux de transport en commun font face à des défis majeurs, en raison des mesures de distanciation physique qui devraient rester en place encore un certain temps et qui réduisent leur capacité.       

À court terme, lors du déconfinement dû à la COVID-19, il faudra selon lui décaler les heures de fonctionnement des entreprises pour réduire l’achalandage lors des périodes de pointe dans les transports en commun. Le télétravail pourra aider aussi en ce sens.       

Petites voitures électriques  

Mais, à plus long terme, M. Leblanc estime qu’on devra envisager d’autres solutions. Il évoque l’idée d’un réseau de petites voitures électriques qui effectueraient des trajets prédéterminés dans les villes. De cette façon, on réduirait les contacts entre les grands groupes de personnes.       

Ingénieure et spécialiste dans les questions de déplacements, Catherine Morency, pour sa part, lance un avertissement. Elle craint que la réduction de la circulation sur les routes causée par le télétravail ne produise des effets pervers.       

Vélo et marche  

« Il ne faudrait pas qu’on incite les gens à prendre davantage leur auto, parce que la circulation est plus fluide sur les routes », explique la professeure à Polytechnique Montréal.       

Selon Mme Morency, l’avenir dans les centres urbains passe par le développement de « modes actifs », que sont la bicyclette et la marche. Ainsi, on diminuera la pression sur le transport en commun et on recourra à des solutions où la distanciation sera possible.       

  

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