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Le secret des quatre CHSLD épargnés

À Montréal, les rares CHSLD dans lesquels le coronavirus n’a fait aucune victime sont des petits établissements privés où l’on n’a pas attendu les consignes avant d’agir.     

Selon une recension effectuée par notre Bureau d’enquête, on compte seulement quatre centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) sur l’île de Montréal – le cœur de la pandémie au Québec – sans aucun décès de la COVID-19 et sans aucun cas d’infection.     

Tous privés, ces centres accueillent chacun une cinquantaine de personnes âgées ou moins.     

« Étant donné que nous sommes un petit milieu, on a eu une facilité d’intervenir rapidement », affirme d’entrée de jeu Frédéric Asselin, directeur général du CHSLD Angus, dans le centre de Montréal, lors d’une entrevue.     

« Ça veut dire, ajoute M. Asselin, qu’on n’attend pas nécessairement après les consignes ou les avis qui viennent du ministère ou de notre CIUSS. »     

La COVID-19 n’a fait aucun ravage au CHSLD Angus, où l’on dénombre 49 résidents et à qui l’on charge des tarifs non conventionnés.     

Une des premières mesures qu’a prises M. Asselin a été de fermer complètement le centre aux visiteurs, et ce, dès le 13 mars, alors que la directive était plus ou moins appliquée ailleurs à Montréal.   

  

Retraits préventifs payés  

« À cause de ce qui se passait alors avec les voyageurs [de retour de l’étranger], on se doutait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas bien », dit-il.     

Mais, d’après M. Asselin, la véritable clé pour éviter la propagation de la maladie a été la gestion du personnel et leur implication.     

Tous les employés présentant des symptômes de la COVID-19, peu importe les résultats des tests par la suite, ont été placés en retrait préventif avec salaire.     

Même les employés avec symptômes et dont les tests étaient négatifs ont été rémunérés pour éviter la pression de retourner au boulot.     

« On ne voulait pas que les employés viennent quand même au travail, parce qu’ils avaient une raison financière de venir », explique M. Asselin.     

Autre point important : les employés à temps partiel qui travaillaient dans d’autres centres ont dû prendre une décision.     

« On leur a demandé de choisir avec quel employeur ils voulaient travailler. De cette façon, on a évité la propagation du coronavirus à partir des centres où il y avait des éclosions. »     

De gauche à droite et de haut en bas, le CHSLD Angus, le CHSLD Bussey, le CHSLD Vigi Marie-Claret et le CHSLD Château sur le lac.

Photos Chantal Poirier

De gauche à droite et de haut en bas, le CHSLD Angus, le CHSLD Bussey, le CHSLD Vigi Marie-Claret et le CHSLD Château sur le lac.

Travail d’équipe  

Au CHSLD Bussey, un petit centre conventionné de 29 lits à Lachine totalement épargné par la COVID-19, la directrice générale Marie-Hélène Girard a eu le même souci d’impliquer ses employés.     

« On a fait un gros travail d’équipe avec eux », explique-t-elle en entrevue.     

En réunion avec son personnel, dès le début de la crise, Mme Girard leur a demandé d’énumérer les mesures qu’ils souhaiteraient voir appliquer si le centre devait être déclaré « zone chaude ».     

Ils ont demandé à ce que le centre ne recoure pas à des agences de personnel temporaire et que les employés à temps partiel ne travaillent pas dans d’autres établissements.     

Mme Girard les a écoutés et les mesures ont été mises en œuvre, ce qui a contribué au bilan sans faille du CHSLD.      

QUATRE CHSLD SANS CAS  

Nous avons pu recenser au moins quatre CHSLD sur l’île de Montréal sans aucun décès ou infection attribuable à la COVID-19.      

-CHSLD Angus (Rosemont-La Petite-Patrie), 49 places, privé non conventionné     

-CHSLD Bussey (Lachine), 29 places, privé conventionné     

-CHSLD Vigi Marie-Claret (Montréal-Nord), 52 places, privé conventionné     

-CHSLD Château sur le lac (Sainte-Geneviève), 50 places, non conventionné      

Note : conventionné veut dire qu’on applique les tarifs établis par le gouvernement et non conventionné, qu’on n’a pas à les suivre.  

La directrice d’un CHSLD a elle-même acheté le matériel de protection      

La directrice générale du CHSLD Bussey n’a pas hésité à mettre la main à la pâte pour protéger son centre contre le coronavirus et est allée acheter elle-même le matériel de protection nécessaire.     

« Bien oui, je suis allée m’acheter des choses chez RONA », avoue Marie-Hélène Girard, en entrevue.     

Au début de la crise, à la mi-mars, le matériel de protection manquait et les employés du CHSLD étaient inquiets.     

« La première chose qu’ils voulaient, c’était d’être bien équipés », explique Mme Girard.     

« J’ai essayé de trouver d’autres solutions », poursuit-elle.     

Faute de mieux, Mme Girard a donc décidé de se tourner vers le détaillant RONA.     

Elle y a acheté des masques antipoussière, des visières de protection et des combinaisons de laboratoire.     

« Ce n’était pas recommandé, mais on l’a fait quand même. Il était préférable d’avoir ça que rien. »     

L’équipement standard a fini par être rendu disponible par les agences de santé.

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