Le gouvernement Legault va accélérer la réalisation de 202 projets d’infrastructure touchant à des écoles, des hôpitaux et des routes, en assouplissant les processus réglementaires afin de relancer l’économie de la province durement affectée par la crise sanitaire.
Tout cela grâce à un projet de loi présenté mercredi et qui permettrait à Québec, s’il est adopté tel quel, de prolonger aussi longtemps qu’il le souhaite l’état d’urgence sanitaire accordant au gouvernement des pouvoirs spéciaux.
Le gouvernement caquiste ambitionne de faire voter cette imposante pièce législative qualifiée «d’omnibus» par les partis d’opposition d’ici à l’ajournement des travaux parlementaires, le 12 juin prochain.
Elle prévoit entre autres d’alléger les procédures d’expropriation pour certains projets d’envergure, dont le prolongement de la ligne bleue de métro à Montréal, comme cela a été fait en vue de la construction du tramway à Québec.
Le projet de loi permettrait également la «possibilité d’entreprendre des travaux sur une partie du domaine de l’État avant l’obtention des droits requis», tout en apportant des modifications à la Loi sur la qualité de l'environnement afin d’accélérer les processus qu’elle prévoit.
Face aux craintes des partis d’opposition de voir survenir une «deuxième commission Charbonneau», le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, a affirmé mercredi qu’aucun compromis ne serait fait sur la probité des contrats octroyés.
Parmi les projets concernés par ces assouplissements, on retrouve la construction de plusieurs écoles et maisons des aînés, mais aussi la reconstruction du pont de l’Île-d’Orléans, l’élargissement de l’autoroute 15 à Laval et les projets de tramway à Longueuil, Gatineau et Montréal.
D’autres, comme le troisième lien ou le tramway à Québec ne s’y retrouvent pas puisqu’ils n’ont pas besoin de mesures d’allègement afin de «procéder à une vitesse correcte pour être livrés», a précisé Christian Dubé.
Affirmant que ce projet de loi touche à des «droits fondamentaux», le leader parlementaire de l’opposition officielle, le député libéral Marc Tanguay, a averti que son parti prendra le temps de l’examiner attentivement avant d’y donner son appui.
Son homologue chez Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a quant à lui avancé que la pièce législative «aura des conséquences sur plusieurs lois actuelles au Québec, sur plusieurs règlements, sur plusieurs procédures».
Grâce à ce projet de loi, le gouvernement cherche à s’octroyer des pouvoirs illimités dans plusieurs domaines, a dénoncé quant à lui le leader parlementaire du Parti québécois, Martin Ouellet.
«On veut simplifier les processus pour relancer l’économie. Oui, c’est bien, mais il y a une différence entre simplifier les processus et contourner les règles», a-t-il déclaré.
À noter que tous les projets qui seront ainsi accélérés ne sont pas nouveaux puisqu’ils se retrouvent déjà dans le Plan québécois des infrastructures (PQI).
Le ministre des Finances, Éric Girard, a également profité de l’occasion pour annoncer qu’il présentera un «énoncé économique» le 19 juin prochain avec les prévisions de son gouvernement concernant l’économie de la province pour l’année financière 2020-2021.
Dans quels secteurs sont les projets concernés?
-39 projets en éducation (construction et rénovation d’écoles)
-90 en santé (maisons des aînés, rénovation ou construction d’hôpitaux et de CHSLD)
-34 projets routiers (ponts et routes)
-16 en transports collectifs et en développement durable (lignes de tramway)
-23 autres projets (lignes ferroviaires, lignes électriques)