L'opposition est tombée à bras raccourcis sur le projet de loi 61 présenté par le gouvernement Legault en vue de relancer l'économie par l’accélération de 202 projets d'infrastructures. Au point où l’ex-procureure en chef de la commission Charbonneau, Sonia LeBel, a dû intervenir pour dire qu'il n'enfreignait aucune règle mise en place depuis la vaste enquête sur la corruption.
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Dans l’espoir de calmer la grogne, le premier ministre, François Legault, s’est également dit ouvert à inviter la vérificatrice générale en commission parlementaire afin qu’elle puisse donner son avis sur l’imposante pièce législative.
Le gouvernement caquiste veut absolument la faire adopter d’ici le 12 juin, afin de réduire les délais administratifs et prolonger l’état d’urgence sanitaire autant qu’il le souhaite.
«L'objectif, c'est d'accélérer des projets, de faire travailler les gens dans le domaine de la construction, rapidement, parce qu'on a un taux de chômage qui est très élevé, puis ce sont tous des projets qui sont attendus par les Québécois», a d’ailleurs martelé François Legault.
Mais les partis d’opposition y voient une manière détournée de s’octroyer des pouvoirs sans précédent tout en provoquant l’explosion des coûts de certains chantiers et la réduction des mesures environnementales.
«Pourquoi s'embarrasser des règles quand on a juste à passer une loi pour les éviter? Est-ce que le projet de loi qui est présenté ici, c'est le projet du premier ministre, c'est-à-dire de gouverner avec le moins d'entraves possible?» a lancé la chef de l’opposition officielle, Dominique Anglade.
«Depuis le régime de Maurice Duplessis, c'est sans précédent au Québec, c'est incontestable», a ajouté son collègue, Marc Tanguay, au terme d’une période de questions houleuse et entièrement consacrée à ce sujet.
Pour la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, le premier ministre oppose «économie et écologie» avec son projet de loi pour relancer l’économie.
«Ils veulent aller vite, vite, vite, mais à force d'aller vite, l'enjeu, le danger, c'est de manquer le virage écologique. Est-ce que le premier ministre reconnaît que ça va un petit peu trop vite?» a-t-elle demandé.
Le gouvernement «nous magasine une deuxième commission Charbonneau avec un mauvais projet de loi», a quant à lui affirmé l’élu péquiste Martin Ouellet après avoir l’énumération des pouvoirs que la CAQ souhaitait ainsi s’accorder.
«Le gouvernement se donne des pouvoirs presque illimités sur l'expropriation, pour ignorer les règles environnementales, pour contourner les règles des organismes municipaux et celles des aménagements des MRC», a-t-il entre autres énuméré.
«Je peux vous assurer que les enseignements, et les consignes, et les règles qui découlent de la commission Charbonneau sont très bien intégrés au sein de ce gouvernement», lui a répondu la ministre de la Justice et ancienne procureure en chef de la commission, Sonia LeBel.