Des propriétaires de bars en colère déplorent d’avoir été écartés du plan de relance économique du Québec.
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« Je te jure qu’on ne restera pas les bras croisés à regarder l’hécatombe. Un bar sur cinq va probablement fermer », martèle Pierre Thibault, président et fondateur de la Nouvelle association des bars du Québec (NABQ) et copropriétaire de la Taverne Saint-Sacrement sur l’avenue du Mont-Royal.
En fin de journée, jeudi, le gouvernement Legault a dévoilé les amendements du projet de loi 61 visant la relance de l’économie post-pandémie.
La NABQ demandait entre autres à la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) de pouvoir temporairement vendre de l’alcool avec des repas pour emporter.
Contrairement aux restaurants, les bars ne sont pas autorisés à le faire, et ce, même s’ils détiennent un permis de restaurant du MAPAQ.
« Mais non, lance M. Thibault. À cause d’un foutu bout de papier, on n’a pas le droit de faire partie du redémarrage de l’économie. »
Questionnée sur ce sujet, la porte-parole de la RACJ, Me Joyce Tremblay, juge que la vente d’alcool pour emporter n’est pas essentielle.
« Mon conjoint est propriétaire de restaurants et il n’a vendu qu’une seule bouteille de vin pour emporter en trois mois », illustre-t-elle.
Pourtant, au restaurant Pastaga « la vente de vin a été salvatrice », fait valoir Kevin Fromentin, directeur et partenaire de l’établissement.
À une semaine de la fin des travaux parlementaires à l’Assemblée nationale, « il n’y a rien de prévu pour les bars dans le projet de loi », ajoute Me Tremblay.
Un cas de force majeure ?
M. Thibault et ses partenaires se sont endettés de 75 000 $ en trois mois de fermeture.
« Pour la plupart des établissements, la vente d’alcool aurait vraiment changé la donne », affirme Éric Lefrançois, vice-président de la NABQ.
Pour survivre, les 250 membres de la NABQ pourraient invoquer en bloc « le cas de force majeure » pour se soustraire au paiement de leurs frais fixes.
La notion de force majeure est unique au Code civil du Québec. Elle permet de libérer le requérant de certaines obligations contractuelles, comme le paiement d’un bail.
La crise du verglas en 1998 ou le virus H1NI en 2009 ont été reconnus comme « force majeure » par les tribunaux québécois dans certains litiges.