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Pouvoirs exceptionnels pour la relance: l’opposition craint de s’en faire «passer une petite vite»

Les partis d’opposition s’inquiètent des pouvoirs exceptionnels que le gouvernement Legault veut s’octroyer dans le cadre d’un projet de loi qui vise à relancer l’économie québécoise après le confinement du printemps dernier.

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Le dépôt de la pièce législative en toute fin de session parlementaire, de même que le refus d’entendre les experts en lutte contre la corruption que sont Jacques Duchesneau et Me Denis Gallant donnent au PLQ «l'impression qu'on veut en passer une petite vite».

Le député libéral Gaétan Barrette fait valoir que «la personne qui a le plus d'expérience dans le contrôle des contrats publics, de la conformité, les passe-passe et les magouilles, c'est Me Gallant».

«Alors, au Parti libéral, on n'est pas contre le projet de loi. On offre notre collaboration. La preuve, c'est qu'on est ici ce matin. Mais, à la fin, ça ne peut pas être un projet de loi qui va être adopté tel quel», a résumé le député Gaétan Barrette lundi matin, tout juste avant le début des consultations particulières sur le projet de loi 61.

Adoption expéditive 

Présentée la semaine dernière pour une adoption prévue vendredi prochain, la pièce législative expédierait la réalisation de 202 projets en suspendant l’obligation de procéder par appel d’offres, en plus de permettre au gouvernement de contourner plusieurs règles ou obligations.

Québec pourrait notamment alléger les procédures d’expropriation pour certains projets d’envergure et s’accorderait la «possibilité d’entreprendre des travaux sur une partie du domaine de l’État avant l’obtention des droits requis», tout en apportant des modifications à la Loi sur la qualité de l'environnement, afin d’accélérer les processus.

Pour M. Barrette, le gouvernement Legault cherche ainsi à s’arroger des pouvoirs importants, tout en diminuant ceux des oppositions. «La démocratie est basée sur pouvoir et contre-pouvoir, rappelle le critique libéral. Le pouvoir, quand on a un gouvernement majoritaire, est majoritairement dans les mains de l’État. Le contre-pouvoir est celui qu’on exerce dans les règles actuelles. On vient d’abolir... on vient proposer essentiellement d’annuler ce contre-pouvoir-là.»

Le projet de loi «chamboule un paquet de nos principes fondamentaux», a renchéri le député solidaire Vincent Marissal.

Un absent de taille 

Comme Gaétan Barrette, le critique péquiste Martin Ouellet aurait aimé entendre Me Denis Gallant en commission parlementaire. Ex-procureur en chef adjoint de la commission Charbonneau, Me Gallant a ensuite été le premier inspecteur général de la Ville de Montréal, avant de diriger l’Autorité des marchés publics, deux institutions consacrées à la lutte contre la corruption et la collusion.

«On a demandé à ce que M. Gallant soit entendu en commission parlementaire; malheureusement, ce n’est pas le cas pour l’instant», a déploré M. Ouellet.

Quant aux 202 projets proposés par le gouvernement, Vincent Marissal refuse de négocier l’ajout de la réalisation de telle ou telle infrastructure. «Moi, pour le moment, je ne jouerai pas dans cette liste-là, c'est un piège à cons dans lequel le gouvernement veut qu'on tombe pour qu'on commence à magasiner nos projets ici et là. Mais écoutez, on n'est pas à The Price Is Right!», a-t-il lancé.

«Je ne vais pas piétiner certains des principes qu'on a pour obtenir un projet ici et là», a-t-il ajouté.

– Avec la collaboration de l’Agence QMI

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