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Manif devant la prison de Bordeaux à Montréal

Des militants et des familles de détenus ont manifesté samedi devant la prison de Bordeaux, à Montréal, pour dénoncer la surreprésentation des noirs et des Autochtones dans le milieu carcéral québécois, ainsi que les conditions de vie à l’intérieur de l’établissement depuis le début de la pandémie.

Dans une ambiance agitée, la centaine de manifestants ont fait du bruit avec leurs casseroles et ont lancé quelques feux d'artifice à travers les barbelés.

Visiblement, des prisonniers les ont entendus. Pendant des dizaines de minutes, on a pu déceler de l'autre côté de la clôture des détenus scander «so-so-so, solidarité», par intermittence.

«Merci. On n'est pas des animaux», a également crié l'un d'eux.

Foyer d’éclosion

Plusieurs personnes ont été infectées par la COVID-19 à Bordeaux. Le mois dernier, un détenu de 72 ans, Robert Langevin, est décédé des suites du virus après avoir demandé de l'aide.

«C'est inhumain. Ça fait trois mois que je n'ai pas pu voir mon chum. Il a été enfermé pendant 15 jours. Il ne pouvait même pas prendre sa douche», a dénoncé Nadia Robert, dont le conjoint attend son procès pour trafic de stupéfiants.

Mme Robert ne comprend pas pourquoi son amoureux n'a pas obtenu la permission de retourner à la maison, le temps de la crise.

«Il coûterait beaucoup moins cher à l'État chez nous qu'en dedans. Il est présumé innocent jusqu'à preuve du contraire et il n'est pas dangereux pour la société», a-t-elle plaidé alors qu'elle participait à la manifestation, sous étroite surveillance policière.

Trop de Noirs en prison

Kiyha Schrouder, qui a également des proches à Bordeaux, tenait aussi à prendre part à l'activité, organisée par des groupes antiracistes.

En tant que femme noire, ce n'est pas tant la crise du coronavirus qui l'animait que le fait que les gens de sa communauté ont plus de chance de finir derrière les barreaux.

«Le système est organisé contre les noirs et les bruns. Pour en finir avec la petite criminalité, il faut avoir de bons emplois, avoir accès à l'éducation...», a énuméré celle qui est sympathique aux idées du groupe américain Black Lives Matter.

En 2013, les noirs comptaient pour près de 10 % de la population carcérale dans les pénitenciers du fédéral alors qu'ils ne représentaient que 3% de la population canadienne. Toujours selon le Bureau de l'enquêteur correctionnel, 23 % des détenus fédéraux étaient Autochtones, eux qui formaient alors moins de 5 % de la population.

Ces données ne prennent pas en compte la prison de Bordeaux, comme il s’agit d’un établissement provincial. Toutefois, les noirs y sont aussi surreprésentés, dans des proportions encore plus grandes probablement, a témoigné Mme Schrouder.

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