Un résidant de 90 ans d'un CHSLD de Saguenay a été violemment attaqué à deux reprises par un autre pensionnaire. Son fils, Daniel Blanchette, s’est confié à TVA Nouvelles.
Les deux agressions se sont produites la semaine dernière, deux fois en cinq jours. Le résident, âgé de 90 ans, et atteint d’Alzheimer a été frappé à coups de poing au visage par un autre résident.
Daniel Blanchette a reçu un appel du Centre d’hébergement Jacques-Cartier à Chicoutimi, le mardi 9 juin.
«La dame au bout de la ligne me dit, votre père a été victime d'une agression, a raconté M. Blanchette. Votre père aurait agrippé le monsieur par le bras et le monsieur, il est plus en forme que mon père, il l'a frappé au visage de plusieurs coups de poing. Ils ont dit, le monsieur va avoir des médicaments et on va les surveiller pour pas que ça se reproduise.»
Les photos de son père sont éloquentes. Ecchymoses au visage, œil tuméfié et points de suture au front. «Quand j'ai vu les photos, je me dis, grosse agression. Mais c'est un accident. Ça peut arriver. C'est entre résidents. Ils n'ont pas tous leur tête», a-t-il raconté.
Cinq jours plus tard, le dimanche soir, il a reçu un autre appel d’une employée du CHSLD. Le même résident venait à nouveau de s’en prendre à son père avec d’autres coups de poing au visage. «Elle me dit, il a été agressé une nouvelle fois. Elle dit, je suis vraiment mal à l'aise de vous appeler. Je suis gênée», a-t-il poursuivi.
«Je lui ai dit, là, ça ne marche pas, a-t-il ajouté. Vous allez faire quoi? Elle me dit, on va lui donner des pilules. J'ai dit, non, ça va prendre plus qu'une pilule. Des coups de poing au visage. Il était fendu au menton. La madame me dit, il est un peu moins blessé, mais là. Un peu moins?! Une fois, c'est une fois de trop. Quand tu vois les photos de mon père avec les blessures, tu jurerais qu'il a fait un match de boxe avec Muhammed Ali. Ça n'a aucun sens.»
Après la deuxième fois, l'agresseur a été transféré dans une autre aile du CHSLD où il ne sera plus en contact avec sa victime.
«Ce que je veux, c'est le bien-être de mon père, a indiqué Daniel Blanchette. Le monsieur, je ne peux pas lui en vouloir. Il ne sait pas ce qu'il fait. Il faut séparer ces gens-là. Ils l'ont fait, mais ça a pris deux agressions avant qu'ils le fassent. Mon père a 90 ans. On sait qu'il est en fin de vie. On ne veut pas qu'il se fasse frapper par tout le monde.»
Aujourd'hui, ce fils, tuteur légal de son père, n'a rien contre le CHSLD. «Je n'en veux pas à la direction. Les filles sont gentilles. Ce sont des tapes dans le dos [dont] elles ont besoin. Mon père a toujours été bien traité. Mais c'est le nombre. C'est ça que je déplore.»
Il dénonce le manque de préposés et un milieu de vie difficile au CHSLD où réside son père. «Quand tu vas là, moi, je prends mon souffle pour aller jusqu'à l'autre bout pour aller voir mon père. Je vous le dis, je ne voudrais pas vivre là», a-t-il expliqué.
M. Blanchette demande au premier ministre François Legault de tenir ses promesses sur les Maisons des Aînés. «Je vais y croire quand je les verrai», a-t-il dit.
Il écorche au passage la ministre responsable des aînés, Marguerite Blais, qu’il dit avoir souvent entendue dire qu’elle aimait les aînés.
«Je ne veux pas qu'un jour elle me dise, je vous aime. J'ai besoin de quelqu'un qui s'occupe de mon père. Arrête de les aimer. [Occupez-vous-en] comme il faut. On dirait que la société québécoise a réalisé, quand la COVID est arrivée, ils n'étaient pas au courant de ce qui se passait dans nos CHSLD. On s'est fait mettre le nez dedans», a-t-il ajouté.
Daniel Blanchette ne portera pas plainte à la police ni au CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean, car l'agresseur, selon lui, ne pourrait être tenu responsable. C'est au gouvernement qu'il s'adresse pour que ça change.
Le CIUSSS a produit un rapport d’incidents à la suite des agressions. L’organisme estime que le transfert du résident agresseur était la bonne solution.