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Les fournisseurs québécois veulent être remboursés

De gauche à droite: Guy Laliberté, Mitch Garber et Daniel Lamarre lors de l’annonce de la vente du Cirque à TPG en avril 2015.

Photo Ben Pelosse

De gauche à droite: Guy Laliberté, Mitch Garber et Daniel Lamarre lors de l’annonce de la vente du Cirque à TPG en avril 2015.

Des PME québécoises à qui le Cirque du Soleil doit des millions de dollars espèrent que l’entreprise ne les oubliera pas dans son plan de relance.

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« J’espère recevoir mon argent », a confié hier au Journal Jean François Rochefort, président d’une entreprise de confection de costumes à qui le Cirque doit plus de 150 000 dollars. 

Environ 40 % de son volume d’affaires provenait du Cirque du Soleil avant la pandémie. 

« Si le gouvernement investit 200 millions $ US dans le Cirque, j’espère qu’il va prendre en considération les entreprises québécoises et qu’il va mettre comme condition qu’il faudrait que le Cirque rembourse ses créanciers », a quant à lui soutenu Olivier Jobin, vice-président d’Unisson Structures, où le Cirque du Soleil a des factures impayées d’un montant total de 123 000 dollars.

Lepage parmi les créanciers 

Le Cirque doit également 210 000 dollars à une entreprise appartenant à l’homme de théâtre Robert Lepage, plus d’un million de dollars au spécialiste de l’audiovisuel Solotech, 427 000 dollars à Darcom Innovations, 244 000 dollars à Scène Éthique, 196 000 dollars à l’agence de publicité Sid Lee et 69 000 dollars à Québecor.

Notons que dans les dossiers d’insolvabilité, les créanciers ordinaires touchent généralement moins de 20 % de la somme qui leur est due. 

Les pigistes et autres sous-traitants du Cirque ont quant à eux cumulé plus de 3,1 millions de dollars en paiements en souffrance, indique le relevé des créances rendu public récemment.

Rappelons que le Cirque et ses différentes filiales doivent en tout quelque 2 milliards $ à leurs prêteurs et créanciers.

Le Fonds de solidarité FTQ et la Caisse de dépôt et placement ont notamment prêté 40 millions de dollars chacun au Cirque. La dette garantie de l’entreprise, détenue par divers fonds de l’extérieur du Québec, dépasse quant à elle 1,3 milliard de dollars.

Plus de 1 M$ à la Ville de Montréal 

Parmi les autres importants créanciers du Cirque, on compte notamment la Ville de Montréal, à qui l’entreprise doit 1,1 million $, la Sun Life (1,7 million $), Bell Canada (plus de 800 000 $) et l’agence de marketing américaine PMG Worldwide (11,7 millions $).

Fait intéressant, le Cirque doit 824 000 $ à son plus important actionnaire, le fonds texan TPG. On ne sait pas s’il s’agit de frais de gestion ou d’autres dépenses. 

Le comptable responsable du dossier au cabinet Ernst & Young, Martin Rosenthal, n’a pas rappelé Le Journal hier.


Quelques créanciers du Cirque du Soleil   

  • Fonds FTQ: 40 M$  
  • Caisse de dépôt: 40 M$  
  • Live Nation: 3,5 M$  
  • Pigistes et sous-traitants: 3,1 M$  
  • Ville de Montréal: 1,1 M$  
  • Solotech: 1 M$  
  • CNESST: 360 000 $   

Pas moins de 28 M$ en frais de toutes sortes  

Les comptables, banquiers, avocats et dirigeants chargés de la restructuration du Cirque du Soleil toucheront 28 millions $ en frais divers.

Le juge Louis-Joseph Gouin de la Cour supérieure a approuvé ces dépenses lors d’une audience tenue vendredi.

Des dirigeants du Cirque, dont le PDG Daniel Lamarre, pourront toucher jusqu’à 7,5 M$ en primes de rétention. L’entreprise n’a pas précisé hier combien de cadres sont admissibles à ce programme de bonis pour « employés clés ».

« Les employés clés seront essentiels à la restructuration et possèdent de l’expérience et des aptitudes professionnelles uniques à l’égard des activités [du Cirque] », a justifié le cabinet comptable Ernst & Young dans un document déposé en cour.

Dans les dix premiers jours de sa restructuration, le Cirque avait déjà versé 514 000 $ en primes à un nombre non précisé de salariés.

Jusqu’à 12 M$ aux banquiers 

Les conseillers financiers du Cirque, la Financière Banque Nationale et la firme new-yorkaise Greenhill & Co. toucheront jusqu’à 12 millions $ en honoraires. Au départ, ils devaient recevoir 14,5 M$, mais des créanciers les ont convaincus de réduire leur appétit. 

Ernst & Young, qui agit à titre de contrôleur pour le Cirque du Soleil, ainsi que ses avocats, Fasken Martineau et une firme de New York, recevront quant à eux jusqu’à 4 millions de dollars. 

Le Cirque mettra également 4,5 millions $ de côté pour protéger ses hauts dirigeants et les membres de son conseil d’administration, présidé par Mitch Garber, contre d’éventuelles poursuites.

Cette enveloppe « vise à offrir une protection additionnelle au-delà de ce qui est disponible en vertu de la police d’assurance actuellement en place », explique Ernst & Young.

Les sommes réservées aux comptables, banquiers, avocats, dirigeants et administrateurs ont un rang « superprioritaire », de sorte qu’elles doivent être payées quoiqu’il arrive. Il s’agit d’une pratique courante dans les dossiers d’insolvabilité.

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