Dans quel état se trouve le lac dont vous profiterez cet été ? Pour le savoir, notre Bureau d’enquête vous présente une carte interactive regroupant les informations de 827 lacs, compilée à partir des données du Réseau de surveillance volontaire des lacs du Québec. Mieux vaut prendre des précautions avant de s’y baigner ou d’y pêcher.
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Lexique
Tous les lacs vieillissent. Ce phénomène, c’est l’eutrophisation. Naturel à la base, il est maintenant très souvent accéléré en raison de la villégiature, des activités agricoles ou urbaines. Voici les 7 termes pour l’état d’eutrophisation des lacs, du meilleur au pire.
Ultra-oligotrophe
Lac très jeune, très clair, profond et contenant peu de sédiments.
Oligotrophe
Lac jeune, clair, profond et pauvre en éléments nutritifs comme le phosphore. Il contient peu de végétaux et est bien oxygéné.
Oligo-mésotrophe
Lac clair. Les matières organiques comme les végétaux y sont toutefois un peu plus présentes.
Mésotrophe
Les matières organiques tels les végétaux et les bactéries sont en augmentation. L’eau est légèrement trouble. Le lac démontre des signes de vieillissement. Il est à un stade intermédiaire d’eutrophisation.
Méso-eutrophe
L’eau est trouble. Le lac est dans un état intermédiaire avancé, mais pas encore tout à fait eutrophe. Des mesures pour limiter l’apport d’éléments qui nourrissent les bactéries et végétaux, comme le phosphore, sont recommandées.
Eutrophe
Lac peu profond et trouble, fond vaseux avec une concentration excessive d’éléments nutritifs végétaux qui entraîne une prolifération d’algues et de cyanobactéries. Manque d’oxygénation qui peut entraîner la mort de certaines espèces. Des mesures pour limiter l’apport d’éléments nutritifs sont recommandées.
Hyper-eutrophe
Stade très avancé d’eutrophisation. L’eau est extrêmement trouble, les concentrations de phosphore et d’azote sont très élevées et causent la présence excessive d’algues et de bactéries. Le lac est pratiquement devenu un marais, seules quelques espèces survivent, surtout des bactéries. L’écosystème s’appauvrit et meurt.
Des pistes d’explications

Photo courtoisie, David Prince
Lac Rouyn
Certaines régions comportent un grand nombre de lacs en mauvais état. Pourquoi ?
Abitibi
Une partie de l’explication se trouve dans le sol argileux des plateaux. « Il y a déjà du phosphore dans l’argile. Donc même sans présence humaine, ces lacs vont avoir une charge en phosphore plus élevée qu’ailleurs », explique Yves Grafteaux, directeur général de l’Organisme de bassin versant du Témiscamingue. Et comme l’argile est relativement imperméable, les eaux usées ne peuvent pas s’infiltrer dans le sol et ne peuvent pas être traitées par les champs d’épuration habituelle.
Chaudière-Appalaches, Estrie et le Centre-du Québec
Plusieurs lacs en mauvais état font partie du bassin versant de la Rivière Saint-François. C’est un grand bassin, donc les associations locales font beaucoup de suivis.
On y trouve aussi trois pôles urbains importants : Sherbrooke, Magog et Drummondville. « Quand on construit une ville, on vient mettre de l’asphalte, on imperméabilise beaucoup, dit Julie Grenier, coordonnatrice de projet du Conseil de gouvernance de l’eau des bassins versants de la rivière. Quand il y a des pluies abondantes, l’eau arrive vraiment rapide au cours d’eau et ça crée de l’érosion. Des sédiments qui ont accumulé du phosphore et de l’azote sont libérés et on a des surcharges de plantes aquatiques et de cyanobactéries. »