Le gouvernement perdra l’« essentiel » de son investissement de 350 millions $ dans Ciment McInnis, a appris Le Journal.
Québec ne toucherait donc pratiquement rien de la vente prochaine de McInnis au conglomérat brésilien Votorantim, une transaction révélée il y a quelques jours par notre Bureau d’enquête.
En 2014, le gouvernement de Pauline Marois avait annoncé un prêt de 250 millions de dollars à McInnis et un investissement de 100 millions de dollars dans le capital-actions de l’entreprise, qui exploite une cimenterie à Port-Daniel–Gascons.
Les modalités de cette aide financière ont été modifiées en 2016 par le gouvernement Couillard et l’an dernier par le gouvernement Legault, mais les détails des changements apportés n’ont jamais été rendus publics.
Hier, le premier ministre François Legault a affirmé qu’« il y a des pertes importantes » relativement à McInnis, sans préciser s’il parlait de l’investissement du gouvernement ou de l’entreprise elle-même.
« Grave erreur »
« À mon avis, ç’a été une grave erreur du Parti québécois et du Parti libéral d’investir autant d’argent pour aussi peu d’emplois, a-t-il soutenu. Je l’ai dit souvent : avec des centaines de millions en Gaspésie, on aurait pu créer bien plus que 200 emplois. On parle de plus d’un million par emploi. »
M. Legault a reconnu que « par nationalisme », il aimerait que McInnis soit rachetée par une entreprise québécoise.
Béton Provincial, de Matane, a récemment sollicité une aide gouvernementale de 150 millions de dollars pour mettre la main sur McInnis.
« On peut faire des efforts, mais en même temps, il faut considérer le fait que les Québécois ont déjà mis beaucoup d’argent, a indiqué François Legault. Il est hors de question que ce soit le gouvernement du Québec qui investisse la majeure partie [...] dans le rachat de la cimenterie. »
« Pas inquiétant pour les emplois »
Le premier ministre a soutenu que la vente éventuelle de McInnis à des étrangers serait moins problématique que s’il s’agissait d’un « siège social à Montréal ».
« Il n’y a personne qui va déménager la cimenterie et les emplois de la Gaspésie, a-t-il dit. C’est une des cimenteries [...] les plus modernes au monde, donc ce n’est pas inquiétant pour les emplois. »
Il y a un peu plus d’un an, la Caisse de dépôt a réinvesti 150 millions $ dans McInnis tandis que Beaudier, une firme de la famille Beaudoin-Bombardier, a réinjecté 50 millions $ dans l’entreprise.
L’an dernier, Le Journal a fait état d’un rapport interne de la Caisse qui brandissait plusieurs drapeaux rouges à l’égard de McInnis.
La participation de la Caisse dans l’entreprise est passée de 57,3 à 27,5 % l’an dernier, de sorte que Beaudier est redevenu l’actionnaire majoritaire du cimentier. Malgré tout, l’institution a conservé le contrôle de l’entreprise.
À la fin de 2019, la Caisse de dépôt et placement attribuait une valeur de 300 à 500 millions de dollars à sa participation de 27,5 % dans McInnis. Avant la pandémie, l’entreprise valait donc, sur papier, entre 1,09 et 1,82 milliard de dollars.
–Avec Cédérick Caron