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Les tours de bureaux désertes font mal à l’industrie de la construction

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le secteur du génie civil et de la voirie est lui aussi très affecté par les impacts de la pandémie. Les heures travaillées y sont en effet en baisse de 8,3 %. Ci-dessus, un chantier routier, dans la capitale nationale.

Photo Simon Clark

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le secteur du génie civil et de la voirie est lui aussi très affecté par les impacts de la pandémie. Les heures travaillées y sont en effet en baisse de 8,3 %. Ci-dessus, un chantier routier, dans la capitale nationale.

L’Association de la construction du Québec (ACQ) craint le pire sur les chantiers ces prochains mois en raison des centres commerciaux et tours de bureaux déserts, a appris Le Journal.

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« Il y a des tours de bureaux et des centres commerciaux vides. On a des chantiers paralysés. On a une épée de Damoclès qui nous pend au-dessus de la tête », a confié au Journal Guillaume Houle, porte-parole de l’Association de la construction du Québec (ACQ), chiffres à l’appui.

Dans le secteur industriel, l’activité a fondu de 16 %, dans celui du génie civil, de 8 %, et dans l’institutionnel et le commercial, de 3,6 %, en juin dernier par rapport à l’année précédente, selon la Commission de la construction du Québec (CCQ).

Même si l’activité du secteur résidentiel a bondi de 3,6 % pour la même période, le secteur industriel et commercial s’attend à une baisse brutale des heures travaillées au cours des prochains mois.

« Les entrepreneurs qui font du commercial paniquent parce qu’ils ont peur que les projets suspendus ne repartent jamais. On espère que le gouvernement viendra nous aider. Ça bat de l’aile », a imagé Guillaume Houle, porte-parole de l’ACQ.

À la Commission de la construction du Québec, un sondage estival mené à la même période montre l’état d’esprit des entrepreneurs, cinq fois plus sombre qu’à pareille date l’an dernier.

« Les anticipations des employeurs quant à l’activité future se sont un peu assombries. Au début juin 2020, c’est 25 % d’entre eux qui estiment que leur volume de travail des 12 prochains mois devrait diminuer. Cette proportion était à 5 % lors du sondage de juin 2019 », note-t-on.

Pour ne rien arranger, près de la moitié des employeurs estiment que les difficultés à recruter leur main-d’œuvre sont plus intenses que l’an dernier, toujours selon la CCQ.

Mauvais payeurs

Pour passer à travers la crise, l’industrie de la construction revient à la charge avec le calendrier de paiement obligatoire. 

« On a des entrepreneurs qui se font payer neuf mois plus tard, alors que le chèque devrait leur être donné dans les 30 premiers jours. Il n’y a pas que le gouvernement du Québec qui doit faire mieux, les municipalités sont aussi de mauvais payeurs », plaide Guillaume Houle de l’Association de la construction du Québec.

« De l’argent pris en otage »

Selon lui, ce coup de pouce pourrait permettre au gouvernement de réinjecter près de 7,2 milliards $ dans l’économie québécoise, si l’on se fie à une étude de Raymond Chabot Grant Thornton.

« Il y a de l’argent pris en otage. Si on veut que l’argent retourne sur les chantiers de construction du Québec, il faut payer les entrepreneurs, c’est tout », conclut Guillaume Houle, porte-parole de l’ACQ, qui représente 17 719 entreprises.


Plus de 40 % des employeurs estiment ne pas pouvoir rattraper les retards causés par le confinement, selon un sondage de la Commission de la construction du Québec publié en juin dernier. 

Le non résidentiel frappé de plein fouet par la pandémie  

Variation des heures travaillées (entre juin 2019 et juin 2020)  

Ensemble des secteurs : -3,9 %  

Génie civil et voirie : -8,3 %  

Industriel : -15,9 %  

Institutionnel-commercial : -3,6 %  

Résidentiel : + 3,6 %   

Source : Association de la construction du Québec (ACQ)

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