Les pilotes d’avion qui exerçaient il n’y a pas si longtemps un métier admiré, bien payé et ultra spécialisé, ont dû faire un atterrissage brutal en raison de la pandémie.
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Aujourd’hui, des milliers d’entre-deux, privés de leur passion, ont dû trouver un boulot pour subvenir aux besoins de leur famille, ou encore, sont retournés sur les bancs d’école pour choisir une nouvelle carrière.
En entrevue à Mario Dumont, le pilote Dominic Daoust, peut en témoigner. «J’ai des collègues qui n’ont pas eu le choix. Ils sont allés travailler dans une pépinière pendant l’été, j’ai un de mes bons amis qui est rendu chez Costco, c’est une question de salaire, mais ça fait mal à l’orgueil beaucoup», explique-t-il.
La fourchette de salaires chez les pilotes au Canada est particulièrement étendue, le salaire d’entrée est autour de 60 000 et peut atteindre près de 300 000$.
«La débarque est très très grande pour certains d’entre nous», souligne M. Daoust.
Si les vols devaient reprendre massivement, l’ordre de rappel dans ce milieu syndiqué, risque de laisser de côté les pilotes juniors, qui pourraient devoir attendre des années avant de retourner au travail.
«On se demande à quoi va ressembler la reprise. Il y a des prévisions qui disent que ça va reprendre en force dès qu’il y aura un vaccin, mais d’autres qui disent que ça pourrait ne pas être avant 2024. Personne ne peut attendre aussi loin que ça», détaille le commandant de bord.
Par ailleurs, il remarque que de nombreux collègues ont décidé de retourner aux études pour changer complètement de métier.
«C’est des années d’entraînement, des années de passion pour un métier qu’on laisse derrière, c’est extrêmement triste», se désole-t-il.
Retour aux commandes complexe
Par ailleurs, le retour au travail des pilotes risque d’être complexe.
«L’entraînement des pilotes est quelque chose d’extrêmement réglementé . Je dirais qu’à partir d’un an [sans voler], l’entraînement d’un pilote devient plus complexe. On repart quasiment de zéro. Il y a un casse-tête logistique qui se dessine à l’horizon pour les lignes aériennes. Tous ces pilotes-là, il y en a des milliers au Canada, tous les pilotes en mise à pied présentement, devront être ré entraîné au simulateur. Quand on prend un pilote de zéro, ça prend deux ou trois mois pour le former! S’il devait y avoir une relance moindrement agressive, on espère tous une bonne et vigoureuse relance, ça pourrait être assez compliqué pour les lignes aériennes de remettre tous ces pilotes dans le cockpit en même temps», conclut-il.