La pandémie de COVID-19 a eu un «impact brutal» sur la santé mentale des jeunes adultes au Québec, alors que plus d’un tiers d’entre eux souffrent de symptômes d’anxiété et même de dépression.
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Dans une étude de l’Université de Sherbrooke diffusée mardi en collaboration avec la firme Léger, on apprend que 37 % des jeunes adultes de 18 à 24 ans répondent à des critères d’anxiété ou de dépression majeure. L’enquête a été menée du 4 au 14 septembre dernier dans sept régions du Québec.
«On a été surpris que les jeunes soient les plus touchés et pas les aînés, qui ont pourtant vécu un isolement important et qui ont plus de risques de mourir du coronavirus», lance la Dre Mélissa Généreux, professeure à l’Université de Sherbrooke et l’une des chercheuses à l’origine de l’étude.
«En fait, ce taux diminuait systématiquement à chaque tranche de 10 ans», ajoute-t-elle, précisant que seulement 10 % des 65 ans et plus présentaient des signes d’anxiété ou de dépression.
«Des conséquences graves»
Une méfiance envers les autorités, une adhésion plus prompte à de fausses croyances et le fait de s’informer auprès de sources moins fiables sont des phénomènes identifiés comme étant plus prononcés chez les 18 à 24 ans anxieux.
Pour María Eugenia Longo, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), cette situation était prévisible. Contrairement aux autres strates de la société, la crise sanitaire a affecté toutes les sphères de la vie des jeunes adultes.
«L’impact de la pandémie sur les jeunes a été brutal à tous les points de vue. On a fermé les écoles, on les a expulsés en premier du marché du travail, on les a poussés à revenir habiter chez leurs parents par manque de revenus, [etc.]», explique Mme Longo.
«Il va falloir [mettre en place] des mesures spécifiques à moyen et long terme pour soutenir les jeunes, ça c’est clair. On va devoir faire des choix de société. Si rien n’est fait au courant des prochaines semaines ou mois, ça pourrait avoir des conséquences graves», tranche-t-elle.
Selon la présidente de l’ordre des psychologues du Québec, la Dre Christine Grou, il va falloir rapidement s’occuper de l’état psychologique de la population en ces temps de crise. Dans le cas contraire, les impacts risquent de se prolonger au-delà de la pandémie.
«La deuxième vague risque d’être plus difficile sur le plan psychologique que la première, prévient la Dre Grou. Si on ne s’occupe pas de la santé mentale, la santé mentale va s’occuper de nous.»
«Et ça a déjà commencé», affirme-t-elle.